Bêta-lecteur ? C’est quoi cette bête et qu’est ce que ça mange en hiver ? Le bêta lecteur (ou bêta, qui n’est pas le synonyme de niais) est une personne non professionnelle du monde de l’édition qui va lire votre manuscrit, avant sa publication, afin d’en faire une critique.
L’auteur (auto-édité ou non) a toujours eu le même problème : sa tête est plongée si profondément dans le guidon qu’il ne voit plus les incohérences de son récit. Des erreurs parfois grossières passent sous son nez alors qu’elles sauteront aux yeux d’un lecteur lambda. Bref, il a besoin d’un retour sur son travail, d’un avis critique, bienveillant et objectif afin qu’il puisse améliorer son roman.
Exemple d’erreur grossière
Extrait de « Charlie et le magicien invisible » :
« Charlie et le magicien échangèrent le regard douloureux de deux imbéciles qui se sont fait avoir et se retournèrent pour faire face. »
Note à moi-même : Deux personnages ne peuvent pas « échanger un regard douloureux » si l’un d’eux est invisible (alors, Jérôme, mets ton bonnet d’âne et va au piquet) !
Le travail du bêta-lecteur est précis :
détecter les incohérences dans le récit (cf. exemple navrant plus haut)
noter les erreurs dans la psychologie d’un personnage (une réaction sans raison ou contradictoire avec sa personnalité, un méchant trop méchant, un gentil trop lisse, etc.)
relever les lourdeurs de style (description trop longue, dialogue inintéressant, etc.)
faire part de son intérêt pour l’intrigue (il s’est ennuyé ou pas)
faire part de son ressenti concernant les personnages (aimé ou pas), le rythme (trop lent, trop rapide), l’accroche du début, la satisfaction de la fin, etc.
Contrairement à ce qu’on peut lire sur Wikipédia, sa mission n’est pas de corriger les fautes d’orthographe ou de typographie. Ceci est le travail du correcteur. La correction est une tâche très pointue qui nécessite l’intervention d’un professionnel.
Ce travail délicat requiert des qualités que tout le monde n’a pas forcément :
Un esprit critique. C’est la base. Un bêta-lecteur qui vous rend votre manuscrit en disant qu’il est génial et que tout est parfait ne vous sert à rien. Ça fait plaisir, mais ça ne sert à rien.
L’objectivité : Idem. Quelqu’un qui vous couvre d’éloges pour ne pas vous faire de peine n’est pas un bon bêta-lecteur. Ça fait toujours plaisir, mais ça ne sert toujours à rien.
La bienveillance. Le bêta-lecteur doit avoir à cœur de vous aider. Ses conseils et recommandations ne devront avoir qu’un seul but : améliorer votre livre. Quelqu’un qui descend votre livre en flamme par des moqueries et des railleries n’est pas un bêta lecteur, c’est un abruti (je sais, c’est un peu tranché comme avis, mais j’assume).
Être constructif. Peu importe qu’il ait aimé ou non, il doit vous dire pourquoi. Les réponses du genre « Je n’aime pas le style » ou « C’est pas mon genre » ne valent pas grand chose car vous ne pourrez rien en faire. Il faut que le bêta mette des mots sur ce qu’il pense. Ces critiques doivent vous permettre d’apporter des modifications concrètes à votre manuscrit.
Faire partie de vos lecteurs cibles. Ce n’est pas une obligation, mais il est quand même préférable de recueillir les avis du public à qui s’adresse votre livre. « Charlie et le magicien invisible » étant un roman pour les 8/12 ans, j’ai fait en sorte qu’au moins la moitié de mes bêta lecteurs soit dans cette tranche d’âge.
Alors, vous allez sans doute me dire : « Tout ça c’est super, mais où puis-je trouver ces perles rares qui vont faire de mon roman un meilleur livre qu’il n’est déjà ? »
Les moyens que j’ai utilisés pour trouver mes bêta-lecteurs :
Tout d’abord, la question à se poser est : combien il m’en faut ? 1 ? 3 ? 12 ? 38 ?
Trop est l’ennemi de bien.
N’oubliez pas que vous devrez éplucher les avis de toutes ces généreuses contributions et décider si vous en tenez compte.
Les avis sont aussi nombreux que les personnes. Si vous en prenez trop, vous risquez de vous noyer sous un tsunami de critiques et de conseils et ne plus savoir quoi faire, quoi modifier. Pour autant, vous ne pouvez pas vous contenter d’un seul avis, la diversité est indispensable. Un minimum de 3 et un maximum de 8 est une fourchette acceptable.
Alors, où les trouver?
Les proches
J’entends par là votre famille et vos amis.
C’est un bon endroit pour commencer à chercher. Vos proches sont généralement bienveillants et seront ravis de vous aider dans l’avancement de votre projet. Pour Stephen King, la première lectrice de ces romans est toujours sa femme, Tabitha. Elle est la première à le lire… et à lui dire quand il s’est planté.
C’est également mon cas puisque ma première lectrice est ma femme. Je ne lui fais pas lire mes textes parce que je couche avec elle, mais parce que je sais qu’elle verra les incohérences de mon récit et qu’elle n’hésitera pas à me le dire.
On touche là au principal inconvénient des proches en ce qui concerne la bêta-lecture : l’objectivité. Votre maman trouvera sans doute que tout ce que vous faites est génial et vos amis auront peut-être peur de vous faire de la peine si ce n’est pas aussi génial que le dit votre maman.
Limitez donc le nombre de vos proches parmi vos bêta lecteurs. Un ou deux suffiront.
Les connaissances
Les amis des amis ou bien les amis Facebook qu’on a croisés une fois, l’année dernière, mais on ne sait plus où.
L’avantage à faire appel à eux, c’est qu’ils sont faciles à joindre et qu’ils ne se sentiront pas obligées de lire votre manuscrit s’ils n’en ont pas envie. Ce seront donc des personnes motivées et qui aiment lire.
Pour aller à la pêche aux connaissances, rien de plus simple : postez un tweet ou un post Facebook sur votre mur… et attendez que ça morde 😉
Les groupes Facebook
Très pratiques pour trouver des bêta lecteurs. Il existe de nombreux groupes FB consacrés aux auteurs et aux lecteurs. Certains sont même spécialisés dans la recherche de bêta lecteurs et fonctionnent très bien.
Ici, vous aurez affaire à de parfaits inconnus, volontaires et motivés qui n’auront aucune raison de ne pas respecter les règles du jeu.
Laissez un message sur la page du groupe dans lequel vous donnez le maximum d’informations sur votre livre (nombre de pages, état d’avancement, public cible et un résumé) et proposez un éventuel échange avec un autre auteur. L’entraide entre auto-édités est très bien vue et permet de se constituer un réseau indispensable, plus tard, pour la promotion de son livre.
Quand vous aurez trouvé une ou plusieurs personnes intéressées, passez en message privé afin de ne pas perturber le fil d’actualité du groupe. Demandez-lui comment il souhaite recevoir la copie de votre roman : PDF par email ou papier par La Poste. Laissez-lui le choix mais n’envoyez jamais un fichier modifiable à un inconnu (Voir « Cinq moyen de protéger son oeuvre »).
Parmi les nombreux groupes Facebook existants, en voici deux très actifs :
– Auteurs cherchent avis, chroniques ou bêta-lecture
Les Forums de bêta lecteurs
Dernière possibilité, les forums de bêta lecteurs sont de plus en plus fréquentés. Comme tous les forums, ils fonctionnent sur le principe d’une inscription et d’un règlement qu’il vaut mieux respecter. Ce sont des communautés de personnes ayant les mêmes intérêts et qui s’entraident.
Les forums regroupent le meilleur et le pire des bêta lecteurs. Certains sont bienveillants et respectueux des auteurs et d’autres sont devenus des confréries fermées qui prennent plaisir à démolir qui ne fait pas partie du groupe. L’expérience malheureuse de l’auteure Julie Odts en est une triste illustration (cliquez ici pour lire son article). Ce type de comportements fait des dégâts considérables chez les auteurs débutants (beaucoup abandonnent l’écriture après une telle expérience) et nuit à l’image des forums.
Certains modérateurs l’ont compris et sont sans pitié avec les commentaires irrespectueux. C’est le cas du forum Cocyclics qui regroupe des auteurs et lecteurs de science-fiction, fantasy et fantastique. Leur règlement est très strict : si vous voulez être lu par un bêta lecteur, vous devez d’abord être un bêta lecteur vous-même. Un membre qui demande à être lu sans rendre la politesse se fait vite taper sur les doigts.
Une fois qu’on a montré patte blanche, on peut soumettre un texte court ou un extrait de texte à la communauté pour avis. La soumission d’un roman entier est soumise à des conditions encore plus strictes (être membre depuis plus de 3 mois, entre autres). Ce n’est donc pas le chemin le plus rapide, mais il est riche car il permet d’entrer en contact avec des personnes compétentes et bienveillantes. Le jeu en vaut la chandelle.
Quelques conseils pour approcher un bêta lecteur et traiter avec lui :
N’oubliez pas que ce sont eux qui vous rendent service, pas l’inverse. Certains passionnés de lecture sont si excités à l’idée de lire un manuscrit en exclusivité qu’on pourrait croire qu’on leur fait une faveur. Non. Être un bêta lecteur est un travail qui peut être long et difficile et c’est l’auteur qui a le plus à y gagner.
Facilitez-leur la tâche. Envoyez-leur votre manuscrit par La poste s’ils n’aiment pas lire sur écran.Préparez-leur un questionnaire pour faciliter leur retour. Mettez-les à l’aise. Il n’est pas toujours facile, pour une personne, de dire à une autre personne que son travail est perfectible.
Remerciez-les. Une page de mon roman sera dédiée aux remerciements auprès de mes bêta lecteurs et une copie dédicacée leur sera offerte après publication. C’est le minimum pour les remercier du temps qu’ils auront passé dessus.
Ne vous offusquez pas des critiques qui vous seront faites. Cela fait partie du jeu. Vous avez le droit de ne pas être d’accord, mais vous avez le devoir de ne pas leur en vouloir (du moment que les critiques sont bienveillantes et constructives, bien sûr).
N’oubliez pas que vous avez le dernier mot. C’est vous, au final, qui déciderez si vous voulez tenir compte de leurs retours. Vous restez maître et responsable de ce que vous publiez.
J’espère vous avoir aidé à trouver vos futurs bêta lecteurs. Si c’est le cas, laissez un commentaire et abonnez-vous en laissant votre email dans le lien ci-dessous.
9 Responses
Merci, merci, merci infiniment.
Vous êtes rassurant et généreux.
J’ai demandé pour rejoindre un groupe d’auteurs, et aussi un groupe pour un bêta lecteur. J’attends leurs réponses. Je ne savais pas qu’ils existaient et grâce à vous j’aurai des réponses probablement.
Louise
Merci pour les compliments et le commentaires.
Les groupes FB d’auteurs sont généralement très bienveillants. Vous trouverez sûrement votre bonheur.
merci pour tous renseignements. je ne sais pas si les betas lectuers qui demandent des reumunerations sont fiables.
Bonjour Jeddou
Il n’y a malheureusement pas de règles à ce niveau. Certains bêta-lecteurs payants font cela très bien et d’autres sont catastrophiques. Il n’y a qu’une seule façon de le savoir: tester.
merci Jérome pour la reponse.
Bonjour, je viens de lire votre réponse.J’aimerais savoir : est-ce qu’il est risqué d’envoyer un manuscrit à un béta lecteur sans l’avoir protégé ?
Merci
Cela dépend du beta lecteur et de la confiance que vous lui portez. Personnellement, je protège mes livres avant de les confier à quiconque, sachant que je dispose d’un délai de 30 jours pour modifier le texte déposé à parir de la date du dépôt.