« Écrivain, ce n’est pas un vrai métier »
« Mais tu en vends au moins des livres ? »
« Pourquoi tu ne fais pas quelque chose de sérieux plutôt que ces bêtises ? »
Tous les auteurs ont entendu ce genre de phrase au moins une fois dans leur vie. Pour les plus chanceux, ça vient d’un tonton Maurice ou d’une tata Ginette qu’ils voient une fois par an à Noël. Pour les plus à plaindre d’un collègue de travail, de leur conjoint ou de leur mère qu’ils côtoient chaque jour ou presque.
Des personnes à priori bien intentionnées, mais qui n’imaginent pas à quel point elles sont à côté de la plaque et qui peuvent avoir des conséquences désastreuses sur votre mental: perte de confiance en soi, perte de motivation… cela peut vous mener à l’abandon de toute activité littéraire.
Mais si l’envie vous prend de vouloir leur répondre, voilà 4 arguments à toujours garder dans votre carquois :
On ne va pas se mentir : bien sûr qu’on espère gagner de l’argent avec nos livres. Je ne connais pas un auteur ou une autrice qui ne rêvent pas de quitter son job de comptable pour devenir écrivain professionnel à temps plein.
La gloire ? Non merci. J’ai rencontré assez d’auteurs dans ma vie pour savoir que, la dernière chose qu’ils recherchent, c’est la lumière des projecteurs. Ceux qui veulent être vus et admirés rêvent de devenir chanteurs ou acteurs. Les auteurs, à quelques exceptions près, se sentent bien chez eux, dans une robe de chambre en pilou-pilou, un chocolat chaud fumant sur le bureau et pas un bruit autour d’eux. Ils fuient tout ce qui ressemble à une exposition et on les retrouve en PLS, roulé en boule dans un coin, avant chaque séance de dédicace (quand ils osent en organiser une).
Mais, même si on fait partie de ceux qui rêvent (comme tout le monde) parfois à l’argent et à la notoriété, il y a une chose importante qu’il faut savoir sur les auteurs : ce n’est jamais la raison première pour laquelle ils écrivent et publient un livre.
L’envie d’écrire est plus profonde que cela. C’est une histoire, un message ou une vision qui s’imposent aux auteurs. C’est une idée qui les travaille au fin fond de leur boite crânienne pendant des mois et des années, avant qu’ils ne se décident à en jeter les prémisses sur une feuille de papier. C’est une envie qui les grignote de l’intérieur depuis leur enfance et qu’ils ont repoussée pendant des décennies pour faire plaisir à papa et à maman.
Écrire un livre est toujours le résultat d’une longue gestation avant de poser les premiers mots sur une feuille ou un écran ; et cette longue attente n’est que la première car, ensuite, vient le temps de l’apprentissage.
Parce qu’avoir une idée ne suffit pas pour écrire une histoire qui tient la route. Les premiers mots sont maladroits. On les dirait tout droit sortis d’une rédaction de CM1 du genre « Racontez vos vacances » et l’auteur, même débutants, le sait et les rejette. Alors il recommence. Encore, et encore, et encore, et encore, et encore jusqu’à ce que les mots prennent vaguement la forme de ce qu’il a dans la tête.
Lisez l’article « Comment devenir un meilleur auteur«
Parfois (souvent), il se décourage. Il abandonne… mais il y revient. Même si c’est dix ans plus tard. Et il recommence. Il ne peut pas faire autrement, parce que l’idée qu’il a dans la tête est toujours là et qu’elle restera jusqu’à ce qu’il ait écrit le mot « Fin ».
Cette longue gestation, cet apprentissage interminable représentent des obstacles infranchissables pour ceux qui ne rêvent que de gloire et d’argent. C’est un processus bien trop long et trop éprouvant pour des gens pressés d’en tirer un bénéfice. Ils sont sans doute quelques-uns à le tenter, mais ils abandonnent presque tous avant la fin du premier jet et n’y reviennent jamais. Quant aux rares qui tiennent jusqu’à la publication, ils ne renouvellent pas l’expérience, car les résultats financiers d’une première publication sont toujours décevants.
Que répondre à tonton Maurice ? « Pour celui qui désire la richesse et/ou la gloire, écrire un livre est sans aucun doute la pire des options. »
Les fantasmes sur le travail d’auteur ont la vie dure, même chez les auteurs, alors je vous laisse imaginer le gouffre insondable que représente les a priori dans la tête de tonton Roger.
Faux, faux et refaux. Personne ne nait avec une machine à écrire dans les mains. Le prochain qui me sort une ânerie pareil sera mis au piquet, les genoux posés sur une règle en bois, pendant au moins 3 jours.
L’écriture, comme la musique, le ping-pong, la peinture ou la culture des carottes en montagne est une compétence, et les compétences s’apprennent.
Mais c’est un processus long, très long qui demande de la persévérance et de longues heures de pratique avant d’obtenir un résultat satisfaisant.
Lisez l’article « Comment arrêter de douter de soi »
Faux. L’écriture (c’est-à-dire la partie perçue comme facile et agréable) représente à peine 20 ou 30 % du travail d’écrivain. Le reste est réparti entre le travail de préparation du roman et celui de sa correction/réécriture. Cette dernière est sans doute la plus longue et la plus laborieuse.
L’auteur relit son manuscrit des dizaines de fois, un stylo rouge à la main, et il barre, réécrit, rajoute, supprime, recommence, etc.
Intrigue, orthographe, syntaxe, tournure, rythme… tous les aspects de son roman y passe, un à la fois pour ne pas se disperser. Un travail équivalent à celui de trier des boulons par ordre de taille dans un sac de 100 000 pièces.
Ces fantasmes entretiennent une image fausse de ce qu’est l’écriture d’un roman, mais surtout, ils dissimulent la somme de travail considérable que cela représente : des jours, des semaines, des mois de pratique, de recherche, de préparation, d’écriture et de correction.
Que répondre à tonton Maurice ? « Si écrire un roman était simple et rapide, tout le monde le ferait. »
Écrire un roman est un travail long et difficile. J’ai suffisamment insisté là-dessus.
Ce que je n’ai pas mentionné, en revanche, c’est l’impact de ces caractéristiques sur le mental de l’auteur. L’écriture étant une activité très solitaire, l’écrivain est perpétuellement en proie aux doutes et au questionnement.
« Est-ce que mon écriture est assez riche ? »
« Est-ce que mon intrigue est originale ? »
« Est-ce que mes personnages sont crédibles ? »
« Est-ce que ce que je fais à un sens ? Un quelconque intérêt pour les lecteurs ? »
L’auteur se pose toutes ces questions à plusieurs reprises tout au long du processus de création, mais contrairement à un footballeur ou à un comédien, l’auteur n’a pas d’entraineur ou de metteur en scène pour le conseiller et le remettre sur les rails quand c’est nécessaire. Il peut prendre un coach littéraire pour remplir ce rôle, mais c’est une prestation payante souvent trop lourde pour son budget.
Alors l’auteur reste seul avec ses doutes et ne peut compter que sur sa persistance et le soutien de ses proches.
Si vous n’avez aucun des deux, il y a de fortes chances pour que vous n’alliez jamais au bout de votre projet littéraire. Heureusement, la persistance est un muscle qui se travaille aussi bien que la volonté ou les quadriceps.
Quant au soutien des proches… c’est plus compliqué.
Cela requiert de la chance et/ou beaucoup de pédagogie pour s’entourer de personnes qui comprendront qu’ils jouent un rôle dans votre succès. Leurs encouragements et leur présence dans les moments difficiles peuvent véritablement faire la différence entre un roman inachevé et un roman publié.
(Je profite d’ailleurs d’aborder ce sujet pour remercier publiquement ma Rosy, mon adorable épouse, mon étincelle, ma muse, sans qui aucun mot ne serait probablement jamais sorti de ma pauvre petite cervelle.)
Pour en savoir plus sur ma Rosy et comprendre la vie de nos conjoints, lisez l’article « Comment vivre avec un auteur (plus ou moins sereinement)«
Bref, un auteur a besoin de ressentir du soutien de la part de ses proches. Il a besoin d’être encouragé. Il a besoin d’être réconforté… mais il n’a certainement pas besoin d’entendre les conneries d’un tonton Maurice.
Ces pics et questions-piège grimées sous le masque vertueux de conseils bien intentionnés ont souvent un but inavoué : décourager l’auteur ou apprenti auteur en appuyant là ou ça fait mal (et, hélas, cela fonctionne).
Pourquoi vos proches font cela ? Il y a foultitude de raisons possibles. La plus commune est sans doute une forme de jalousie. Publier un livre est perçu dans l’esprit commun comme une forme de réussite, un achèvement réservé à une élite intellectuelle… et personne n’aime être en présence de plus intelligent que soi (ou en tout cas perçu comme tel). Alors ils sabotent, ils découragent (souvent de façon inconsciente), car il est plus facile de faire échouer les autres que de travailler à sa propre réussite.
Que répondre à tonton Maurice ? « Écrire ce roman est vraiment difficile. C’est un long travail. J’aurai bien besoin de soutien de la part de ceux qui prétendent m’aimer. »
Un auteur est un artiste au même titre qu’un musicien, un peintre ou un comédien. Ce statut d’artiste est encore associé, par certains esprits étriqués, à celui de saltimbanque, de rêveur indécrottable éloigné de la réalité du monde.
Mais si vous êtes un auteur (et c’est encore plus vrai pour les autoéditer), voilà toutes les casquettes que vous devez porter en plus de celle d’artiste :
Éditeur : couverture, 4e de couverture, choix du papier, fixation du prix, etc. L’autoédité doit, comme son nom l’indique, faire le travail de l’éditeur pour publier son livre,
Acheteur : À moins que vous ne soyez doué en tout (ce qui est peu probable), vous devrez sous-traiter certaines tâches (correction, graphismes, webmaster, etc.), comparer les prix, peut-être négocier,
Webmaster : Autoédité ou édité, vous aurez besoin d’un site internet. Soit vous passez par un webmaster, soit vous le faites vous-même,
Blogueur : pour attirer des lecteurs sur votre site, vous devrez y publier du contenu (articles, chroniques) et faire en sorte que ce contenu soit optimisé pour être visible depuis Google (sinon, ça ne sert à rien),
Marketeur : évidemment, quand vous avez publié un livre, vous voulez le vendre. Pour cela, vous développez des stratégies marketing (simples mais efficaces) pour convaincre le lecteur de l’acheter,
Community manager : Facebook, Twitter, TikTok ou Instagram… les réseaux sociaux sont indispensables aujourd’hui. Vous devez savoir gérer cette activité particulière et chronophage,
Comptable : comptabiliser vos recettes, vos dépenses, s’enregistrer en tant que micro-entrepreneur, déclarer vos revenus à l’URSAFF… ce n’est pas la partie la plus fun, mais elle est obligatoire.
Et pour empaqueter ce joli lot, j’ajoute la dernière (mais pas la moins importante), celle d’entrepreneur. Le chef d’une toute petite entreprise qui va devoir gérer toutes ces activités avec seulement 24 h par jour, régler les problèmes et faire preuve de proactivité.
Lisez l’article « Critique négative : comment répondre sans se fâcher«
Pas mal pour un saltimbanque, pas vrai ? Une activité bien plus complète et proche de la réalité du monde d’aujourd’hui que celle de préposé à La Poste de tonton Maurice.
Que répondre à tonton Maurice ? « Oh tu sais, en ce moment, entre la déclaration URSSAF, l’optimisation de mon taux de conversion et le référencement SEO de mon marketing de contenu, je n’ai plus une minute à moi.»
Et regardez-le se décomposer avec la bouche ouverte.
Bien sûr, ces arguments ne sont pas des formules magiques qui vont soudainement changer l’état d’esprit de votre interlocuteur, mais ils auront l’avantage, à minima, de les moucher sur le moment et de retirer de leur visage ce petit air de supériorité mal placé qui vous met les nerfs en pelote.
Que vous arriviez à leur fermer la boite à camembert ou pas, souvenez-vous simplement que leur avis en matière d’écriture et d’édition a autant de valeur que l’opinion d’Arielle Dombasle sur la politique extérieure de la Corée du Nord. Tout simplement parce que vous en savez plus sur le sujet qu’ils n’en apprendront jamais (même si vous êtes débutant).
Et si vous vous sentez un jour découragé, démotivé et sur le point d’abandonner, vous pouvez toujours m’envoyer un email sur contact@ecrire-et-etre-lu.com, on en échangera ensemble 😊
Et bonne chance avec tonton Maurice 😉
- Merci d'avoir lu cet article -
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