Non, je n’ai pas décidé de réviser l’alphabet ou d’insérer une rubrique « Anagramme ». Je veux juste prendre quelques minutes de votre temps pour vous parler d’un des sujets les plus sexy dans la vie d’un auteur. Quatre des principales raisons pour lesquelles nous avons décidé d’exercer cette belle activité. J’ai nommé la Bibliothèque Nationale de France (BNF), l’Agence Francophone pour la Numérotation internationale du Livre (AFNIL), l’International Standard Book Number (ISBN) et l’European Article Number (EAN).
NON, ATTENDEZ ! Ne cliquez pas sur « fermer la fenêtre » !
D’abord parce que c’est très mauvais pour mes stats et aussi parce que, vous allez voir, ça va être super drôle de lire des infos sur ces belles-formalités-administratives-que-tu-es-obligé-de-faire-alors-de-toute-façon-t’as-pas-le-choix.
Malheureusement (ou heureusement), ces organismes publics et démarches administratives sont inévitables si vous voulez être un auteur publié. On ne peut donc pas faire l’impasse dessus. Alors, promis, je vais essayer de ne pas être (trop) barbant et de ne parler que ce dont vous avez besoin de savoir.
La Bibliothèque Nationale de France (BNF) collecte et intègre nos œuvres dans le patrimoine culturel national
Il était une fois un gentil Roi qui s’appelait François 1er. Il régnait en souverain avisé sur le beau royaume de France et avait une belle bibliothèque royale qui contenait près d’un millier de livres pour son usage personnel. Malheureusement, cela ne lui suffisait pas, car il avait à cœur de conserver tous les livres et documents qui étaient créés dans son royaume afin de les protéger. Il demanda alors à tous les imprimeurs et à tous les libraires de déposer un exemplaire de chaque livre vendu à la bibliothèque du château de Blois. Le dépôt légal était né.
Avec le temps et l’apport de documents réguliers, la bibliothèque nationale s’est agrandie et adaptée aux nouveaux supports et aux nouvelles technologies pour devenir la Bibliothèque Nationale de France (BNF).
Ses missions se sont diversifiées, mais sa mission de collecte au titre du dépôt légal existe toujours. Elle rassemble tous les documents originaux (c’est-à-dire qui ne résultent pas d’un simple copier-coller) mis à disposition du public : documents imprimés, graphiques, photographiques, sonores, audiovisuels et multimédias, quel que soit leur procédé technique de production, d’édition et de diffusion. Ce dépôt légal est, encore et toujours, une obligation pour tous les éditeurs, imprimeur et producteur de documents dont les livres font, bien sûr, partie.
Donc (et je suis désolé de vous l’apprendre), la réponse à la question que vous vous posez est:
« Oui, même moi le particulier qui édite ses livres lui-même, je dois procéder au dépôt légal de mon livre ».
En tant qu’auto-édité, vous êtes votre propre éditeur et vous devez donc faire cette démarche vous-même contrairement à ceux qui passent par une maison d’édition.
Bonne nouvelle !
Si le dépôt légal concerne également les ebooks et autres livres numériques, l’auteur (et éditeur) n’a aucune démarche à faire. La BNF lâche sa meute de chiens numériques sur la toile. Ils traquent leur proie et la ramènent à la maison comme de bons gros toutous pixélisés.
Mauvaise nouvelle !
Si votre livre sort en version numérique ET en version papier, il vous faut passer par la case « je-dépose-sinon-je-me-fais-taper-sur-les-doigts ».
Pour cela, deux possibilités :
– le dépôt en ligne sur http://depotlegal.bnf.fr permet d’imprimer la déclaration et de la joindre à l’exemplaire du livre à envoyer à la BNF
– la déclaration à partir du formulaire PDF qu’il est nécessaire d’imprimer en trois exemplaires à joindre à l’exemplaire du livre
L’exemplaire du livre doit être envoyé au plus tard le jour de sa mise en circulation et doit être renouveler à chaque nouvelle édition.
PS Pour nos amis belges, l’équivalent de la BNF est la Bibliothèque Royale de Belgique. Celle-ci est plus exigeante, car elle demande non pas un, mais deux exemplaires du livre pour son dépôt légal.
L’Agence Francophone pour la Numérotation internationale du Livre (AFNIL) attribue l’ISBN
La fausse citation de la semaine :
« Un numéro pour les gouverner tous, un numéro pour les trouver. Un numéro pour les amener tous et dans les librairies les scanner. »
Sauron, prince des ténèbres – « Le seigneur des numéros: la communauté des libraires »
L’International Standard Book Number (ISBN) est un numéro de 13 chiffres qui appartient à un système d’identification des ouvrages en fonction de leur contenu, de leur version ET de leur support dans 160 pays. Cela signifie que, pour celui qui édite son livre en version papier ET en version ebook, il devra attribuer un numéro ISBN différent pour chacun d’entre eux.
Quelles œuvres concerne-t-il ? Toutes celles qui doivent passer par la case « dépôt légal » de la BNF (autant dire tous les livres de fiction ou livres pratiques non édités par l’éducation nationale)
Pour un auteur, ne pas attribuer d’ISBN à son livre serait une énorme erreur. En effet, c’est à partir de ce numéro que se constituent tous les catalogues utilisés sur le marché du livre ainsi que les systèmes informatisés de commande et d’information sur les livres existants.
Autant dire que ne pas avoir d’ISBN revient à faire un trou au milieu du désert de Gobi, y jeter l’unique exemplaire de son livre et bien reboucher pour être sûr que personne ne le lise jamais. Par ailleurs, la loi de « Jack » Lang, ministre de la Culture devant l’éternel, sur le prix unique du livre impose que ce numéro soit indiqué sur tous les exemplaires d’une même œuvre dans une même édition.
Il faut donc être un rebelle masochiste dans l’âme pour vouloir s’en passer à tout prix.
Si vous n’êtes ni rebelle ni maso, rendez-vous sur la page de l’AFNIL. Téléchargez le formulaire Word ou PDF réservé aux particuliers* et renvoyez le par courriel, courrier ou fax pour obtenir votre numéro (appelé aussi « segments ») d’ISBN. Le délai d’attribution affiché est de 3 semaines.
* je m’adresse, bien sûr aux auto-édités. Ceux qui passent par une maison d’édition n’ont pas à s’occuper de cela. Leur éditeur le fait pour eux.
European Article Number (EAN13)
Tout bon consommateur de produits industriels sous emballage connaît ce numéro sous le nom de « code-barre ». Il s’agit du numéro que l’on voit imprimer sous les zébrures qui ornent l’étiquette de notre bouteille de jus d’orange bio.
L’affichage d’un code-barre sur un livre n’est pas obligatoire. Cependant, si vous souhaitez vendre en librairie il y a de fortes chances qu’il vous soit demandé. Il peut être scanné par n’importe quelle caisse enregistreuse et facilite la gestion des stocks et la comptabilité du distributeur.
Bonne nouvelle !
Dans le cas des livres, ce numéro EAN est identique au numéro ISBN avec les tirets en moins. Pas la peine, donc de faire des démarches supplémentaires.
Mauvaise nouvelle !
L’AFNIL ne fournit pas l’image du fameux code-barre. Il faut donc trouver un prestataire qui, sur la base de votre ISBN, générera l’image des fameuses barres.
Les sites de l’AFNIL et de la BNF fournissent un lien vers GS1 France qui est un site sûr mais payant. En cherchant un peu, je suis tombé sur le site autres-talents.fr qui offre le code-barre sur saisie de l’ISBN gratuitement. J’ai testé avec l’ISBN d’un livre existant et le site a bel et bien généré une image de code-barre. En revanche, je ne l’ai pas testé en situation réelle. Je ne me porte donc pas garant de la validité de l’image.
Je m’arrête là. Assez de paperasserie et de laissez-passer A38 dans la maison qui rend fou, j’ai l’impression d’être au boulot. Promis, le prochain article sera plein d’explosions, de cascades, de top-modèles en bikini et de gogos-dancer en string pour compenser celui-ci.
D’ailleurs, c’est vous qui allez décider de quoi parlera les prochains articles. Indiquez-le dans les commentaires et je m’engage à le mettre dans ma liste des sujets à traiter.
À bientôt.