Le monde des auteurs se divise en deux catégories : ceux qui trouvent le titre de leur roman avant d’avoir terminer l’écriture du premier jet et ceux qui galèrent à trouver les quelques mots qui représenteront l’identité de leur livre et qui sauront le mettre en valeur.
Cela peut paraître paradoxal, mais les plus chanceux sont les auteurs de la 2e catégorie, ceux qui rencontrent un blocage au moment de trouver le titre de leur roman, car ils ne commettront pas l’erreur de se précipiter sur la première idée qui passe.
Cela leur demandera inspiration, patience et efforts, mais le choix n’en est généralement que meilleur. Ils seront forcés de prendre leur temps et de choisir le mot ou la phrase qui saura attirer (et garder) l’attention du lecteur.
Car c’est bien la seule et unique qualité d’un « bon » titre de roman. Il ne s’agit pas de sa conformité avec le genre, de son caractère poétique ou symbolique ou de comment il traduit le sentiment prédominant du roman (même si cela compte aussi, bien sûr).
Cela n’a rien à voir avec sa longueur non plus (nous verrons qu’il est possible de trouver de bons titres très courts… ou très longs).
Non, la seule qualité d’un vrai bon titre de roman est d’attirer l’attention du lecteur et de générer en lui l’envie d’en savoir plus.
Cela et rien d’autre.
C’est ce que je vais vous apprendre dans cet article
Sommaire
À quoi sert le titre d’un roman ?
À quoi tout le monde vous dit qu’il sert… mais en fait non.
Si vous cherchez des méthodes sur le web pour trouver un bon titre de roman, vous allez tomber sur toute une batterie de conseils et astuces qui vous expliqueront que votre titre doit représenter le genre de votre roman.
Il ne faudrait pas que le lecteur confonde votre romance érotique avec les 1001 façons d’accommoder la tête de veau.
Mais ce que ces conseilleurs avisés oublient tous de dire, c’est que le titre ne vient jamais seul. Il est toujours accompagné de… (roulement de tambour)… la couverture ! Et oui !
Alors à moins que votre roman ne soit sélectionné dans la collection blanche de Gallimard au côté de Le Tellier et de Proust, votre livre offrira aux lecteurs une magnifique image de couverture qui lui indiquera, sans l’ombre d’un doute, le genre et le ton de votre ouvrage.
Alors, certes, votre titre doit être raccord avec le contenu de votre livre, mais faut-il vraiment prendre le lecteur pour un imbécile au point de lui répéter cette information deux fois, alors qu’il va la comprendre au premier coup d’œil ?
Faisons un petit jeu pour l’exemple.
Vous trouverez ci-dessous trois livres portant le même titre. Un livre portant sur la privatisation de la SNCF, un roman érotique et un drame historique.
Saurez-vous retrouver le genre de chaque livre ? (attention, c’est super difficile)
Vous voulez en savoir plus sur les genres de romans ? Lisez l’article « 40 genres de la littérature de l’imaginaire«
À quoi personne ne vous dit qu’il sert… mais en fait si.
En supposant que le vieil adage « Ne jugez pas un livre sur sa couverture » soit vrai, il ne s’applique absolument pas au titre.
Tous les jours, à chaque fois qu’un lecteur potentiel pose un pied dans une librairie, il juge les livres sur les titres qu’il lit ou entend.
Trouver un bon titre pour votre roman, c’est s’assurer de :
- Attirer l’attention du lecteur et piquer sa curiosité,
- Suggérer comment votre roman va divertir le lecteur (ou ce qu’il va lui apprendre)
- Donner un indice sur le bénéfice que tirera le lecteur de votre livre
Il ne faut jamais oublier que la vente d’un livre se fait par les mots, et ceux de votre titre seront les premiers que les lecteurs verront.
Comment trouver un bon titre de roman
Soyons clairs dès le début : il n’existe pas UNE méthode miracle qui permette de trouver un bon titre de roman à tous les coups.
Il existe des tonnes de méthodes pour trouver un bon titre, car il s’agit d’un processus créatif aussi complexe que l’écriture de votre roman.
Il n’existe pas non plus de nombre de mots idéal tout comme il n’existe pas de titre que tout le monde adore. Votre titre, tout comme votre roman, ne plaira pas à tout le monde.
En revanche, il est possible de vérifier si le titre que vous avez choisi répond correctement à des principes marketing simples et s’il résistera au passage du temps.
Voici ces principes :
« Aguiche, n’explique pas »
Toute ressemblance avec la fameuse règle d’écriture « Show, dont tell » (« Montre, n’explique pas ») est rigoureusement faite exprès.
Voilà des options de titre pour deux livres. D’après vous, lesquels sont les plus efficaces ?
Livre 1
Option A : Le couple conscient
Option B : Obtenez l’amour que vous voulez
Livre 2
Option A : Ce qu’il se passe quand une accro au soda et au chocolat mange équilibré
Option B : L’envie de vivre
Les réponses sont évidentes, pas vrai ? Dans les deux cas, l’option B fait un bien meilleur titre, tout simplement parce qu’ils n’expliquent pas le contenu du livre. Ils donnent juste un bref aperçu qui génère l’envie d’en savoir plus.
Souvent, l’auteur tombe amoureux d’un titre avant ou pendant le processus d’écriture. Il est persuadé d’avoir trouvé le bon titre de roman, car celui-ci représente quelque chose de personnel et débordant de sens… pour lui.
Mais ce qui fait sens pour vous ne le sera peut-être pas pour le lecteur non initié, car le titre d’un livre n’est pas un outil pédagogique, il doit avoir une fonction de « teasing ».
« Tease » est un mot anglais (intraduisible) qui qualifie les bandes-annonces créées pour la promotion de film. Il désigne le fait qu’elles « aguichent » le spectateur, elles titillent sa curiosité pour lui donner envie d’en voir plus.
C’est ce que doit réussir à faire le titre de votre roman, et non d’en expliquer le contenu.
Exemples : « Jamais plus », « Personne ne doit savoir », « Rentre avant la nuit », « La femme de ménage », « 7 m² », « Mr Mercedes »
4 questions à se poser pour trouver un bon titre de roman
Comme je l’explique plus haut, il n’existe pas de méthode toute faite qui permette de trouver un bon titre de roman.
En revanche, vous pouvez vérifier si votre idée répond à des principes marketing solides et, si ce n’est pas le cas, changer votre fusil d’épaule.
Quatre de ces principes peuvent être vérifiés en soumettant votre titre à ces 4 questions :
Question 1 : Le titre est-il facile à se rappeler une semaine après l’avoir lu ?
Choisissez un titre et confiez-le à un de vos proches. Attendez une semaine et demandez-lui s’il s’en souvient.
Si la réponse est oui, c’est très bon signe. Les bons titres se gravent dans nos cerveaux pour longtemps.
Les titres courts et punchy sont souvent les plus faciles à mémoriser, c’est pourquoi les titres concis sont souvent plus efficaces, même si ce n’est pas une règle immuable.
Exemple : « La tresse », « L’étranger », « L’alchimiste »
Question 2 : Le titre génère-t-il une curiosité immédiate ?
Un bon titre doit donner envie d’en savoir plus. Dans l’idéal vous voulez que le lecteur pense : « j’ai hâte de commencer à le lire ».
Souvent, les titres contre-intuitifs ont cet effet et créé une vraie curiosité dans l’esprit des lecteurs.
Exemples : « Le jour où j’ai appris à vivre », « La mort immortelle », « Les vertus de l’échec »
Question 3 : Votre titre permet-il de créer une saga ou une marque ?
Si vous avez prévu d’écrire une saga, alors trouver le bon titre pour votre roman prend une tout autre importance, car il servira de mètre étalon pour tous les tomes suivants.
Il faut que votre titre soit suffisamment flexible pour s’adapter aux titres des volumes à venir.
Une méthode efficace consiste à trouver un titre générique qui sera ensuite décliné grâce à des sous-titres spécifiques à chaque tome.
Exemples :
« Harry Potter » + sous-titres (L’école des sorciers, La chambre des secrets, etc.)
« Le seigneur des anneaux » + sous-titres (La communauté de l’anneau, Les deux tours, etc.)
« The Witcher » + sous-titres (Le dernier vœu, L’épée de la providence, etc.)
Question 4 : Votre titre évoque-t-il les bénéfices de votre livre ?
Cette question concerne plutôt les livres de non-fiction, mais il arrive que les romans arrivent à traduire, dans leur titre, ce que leur contenu va apporter aux lecteurs.
Le lecteur d’un livre de non-fiction cherche la réponse à une question, la solution à un problème : comment être plus productif, comment avoir plus confiance en soi, comment vendre son livre quand on n’a pas le temps et pas d’argent.
Le lecteur d’un livre de fiction cherche une sensation, une émotion : le voyage, la peur, le feel-good, le rire, l’émotion, etc.
Transmettre une émotion au travers d’un ou de quelques mots est un défi, mais c’est possible en condensant le sujet du livre avec l’émotion principale qu’il chercher à transmettre.
Exemples : « Le vieil homme et la mer », « Un œil dans la nuit », « Il est grand temps de rallumer les étoiles »
Vous voulez en savoir plus pour convaincre le lecteur que votre livre est fait pour lui ? Lisez l’article « Comment écrire une description Amazon qui fait vendre«
Éviter le blocage pour trouver un titre de roman
Le syndrome de la page blanche ne frappe pas seulement au moment d’écrire son roman. Il peut également bloquer un auteur au moment de trouver le titre de son livre.
Quand cela arrive, toutes vos idées vous paraissent plates et sans intérêt et il est facile de tourner en rond dans une espèce de boucle ou une mauvaise idée en chasse une autre.
Si vous rencontrez ce blocage pour trouver votre titre, voici ce que je vous conseille de faire :
Étape 1 — Si vous avez écrit tout ou partie de votre roman, étudiez-en le contenu. Remémorez-vous le sujet du livre, son thème, les conflits internes du protagoniste, de l’antagoniste, l’objet du conflit et l’enjeu du récit.
Étape 2 — Écrivez toutes les phrases contre-intuitives, conflictuelles ou provocantes qui vous viennent à l’esprit. Ne filtrez rien. Autocensure interdite.
Étape 3 — Relisez cette liste et voyez si une de ces phrases vous donne une idée de titre percutant, mémorisable, et aguicheur.
Étape 4 — Pour améliorer vos idées ou sélectionner les meilleures, voici quelques astuces que vous pouvez utiliser :
Utilisez l’allitération
L’allitération est une figure de style très utile pour un titre. Elle donne de la fluidité et améliore sa mémorabilité.
Elle consiste à répéter des consonnes dans une suite de mots rapprochés.
Exemples : « Mr Mercedes », « Un Prix à Payer », « L’âMe du Mal »
Commencez avec un chiffre
Les chiffres ont un pouvoir sur notre attention et notre mémoire. N’hésitez pas à un intégrer dans vos titres.
Exemples : « 7 m² », « 1984 », « 10 petits nègres »
Détournez un proverbe ou une expression
Détourner un dicton ou une expression populaire peut intriguer et frapper la mémoire de celui qui le lit.
Exemple : « Le coma des mortels », « Téléski qui croyait prendre », « Il était deux fois »
Soyez patient
Trouver un bon titre de roman peut être un processus très long. Ne vous impatientez pas, cela ne fera que renforcer votre blocage.
Prenez votre temps. Essayez de varier vos idées. Ne vous focalisez pas sur un mot ou une idée particulière.
Ne craignez pas de repartir d’une page blanche pour laisser des idées neuves venir à vous.
Quelle longueur pour un titre de roman ?
La plupart des titres contiennent 3 à 5 mots, mais certains ont fait sensation en en utilisant beaucoup moins… ou beaucoup plus.
L’important reste l’impact sur l’attention et sur la mémoire des lecteurs.
Les titres d’un seul mot
Ils ont plein d’avantages : facile à se rappeler, facile à répéter et plus faciles à caser sur la couverture.
Ils sont également plus difficiles à trouver, car ils doivent tout autant attiser la curiosité et générer une émotion chez le lecteur. Tous les mots n’y parviennent pas. « Supernormal » et « Simetierre » génèrent plus d’émotion et de curiosité que « Herbe » ou « Pédiluve ».
Voici une méthode que vous pouvez tester pour trouver votre titre en un mot :
Étape 1 — Résumez l’idée principale de votre roman en une ou deux phrases.
Étape 2 — Faite une liste de mots seuls qui se rattachent à l’idée principale. L’un d’eux est-il assez intrigant ou provocateur ? Sinon, allez à l’étape 3.
Étape 3 — Allez sur le site de la CNRTL et cherchez des synonymes pour chacun de ces mots. Identifiez ceux qui pourraient fonctionner pour un titre.
Étape 4 — Si rien ne fonctionne, essayez d’inventer un mot, cela attire l’attention (« Jamaiplu », «Nosfera2 », « Simetierre »)
La technique du titre long
Très à la mode dans les années 2010, le titre long est un peu tombé en désuétude.
Il a l’avantage certain de surprendre et de marquer les esprits car il est très contre-intuitif et joue à fond la carte du démarquage.
En revanche, il est souvent difficile à mémoriser et il est facile de tomber dans l’écueil du titre explicatif.
Je ne vais pas vous mentir, c’est un pari risqué mais qui a réussi à certains auteurs.
Voici une méthode à tester pour trouver un titre long :
Étape 1 — Déterminez la singularité de votre protagoniste ou d’un élément contextuel (lieu, temps, mode de vie) de votre roman.
Étape 2 — Identifiez un verbe ou une action clé qui résume l’intrigue principale. Pensez à l’action principale de votre histoire. Cela peut être quelque chose que fait le protagoniste, ou un événement majeur de l’intrigue.
Étape 3 — Ajoutez une dose de mystère ou d’intrigue. Intégrez un élément intriguant qui pique la curiosité du lecteur.
Étape 4 — Combinez ces éléments pour créer une phrase complète et engageante. Assemblez les éléments de manière que le titre donne un aperçu de l’histoire tout en suscitant l’intérêt.
Exemples :
« Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates »
« Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire »
« Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? »
Comme je l’explique en début d’article, il n’existe pas de titre parfait ou de méthode miracle pour trouver un bon titre de roman. En revanche, il existe une règle à suivre quoi qu’il arrive :
Ne vous contentez pas d’un titre insipide.
Donnez le temps nécessaire à votre cerveau pour ruminer toutes les idées qui vous viennent. Ne vous collez pas trop la pression en vous fixant une échéance.
Jetez quelques idées sur le papier et laissez-les mûrir lentement. Avec le temps, les meilleures idées vous viendront naturellement. Vous les reconnaîtrez facilement, ce sont les plus provocantes et les plus attractives.
Utilisez les techniques listées dans cet article :
- Aguichez, n’expliquez pas,
- Répondez aux 4 questions pour évaluer vos idées,
- Expérimentez les techniques pour éviter le blocage et trouver un titre très court ou très long.
Maintenant, partagez avec moi les titres de vos romans en commentaire. Expliquez-moi comment ils vous sont venus et pourquoi vous les avez choisis.
Partagez vos idées si vous êtes en pleine réflexion à ce sujet. Je vous ferai un modeste retour en commentaire.
4 Responses
Comme toujours un très bon article. Pour ma part, l’histoire va avec le titre. Ou plutôt dire que l’histoire part du titre. Le titre me vient en premier en général et l’histoire en coule de source ensuite. J’ai pas eu souvent à chercher. Mais si ça venait à m’arriver pour un prochain roman, je garderai en mémoire ces conseils, qui pourraient m’éviter bien des déboires dans une recherche infructueuse.
Un grand merci pour tous tes conseils qui sont une vraie mine d’or pour écrivain.
Avec plaisir Magali.
Merci pour ton commentaire
Une histoire, un titre: C’est une rencontre. Pour ma part, sans le titre, pas d’aventure. .. Il s’impose tout de suite, il ouvre la porte. Quand je trouve une idée, il rapplique au galop, et le travail peut commencer. Le titre de mon premier roman en cours « Les impunis » Et pas moyen de négocier.
Pas mal. Dans une semaine, demandez moi par email si je m’en souviens et on verra 😉