Écrire un roman de fantasy, c’est grisant… mais aussi vertigineux. Vous avez entre les mains un des genres littéraires les plus populaires et les plus exigeants, celui qui a nourri des générations entières de lecteurs, du Seigneur des Anneaux à Game of Thrones. Et soyons honnêtes : qui n’a jamais rêvé de donner vie à ses propres dragons, de bâtir son royaume imaginaire ou d’envoyer un héros pataud affronter une prophétie improbable ?
Mais le piège, c’est de croire que l’attrait exclusif de la Fantasy réside dans l’aspect imaginaire de son cadre ou de son contexte et de se focaliser uniquement là-dessus.
Or ce qui nous fait vibrer, ce sont (encore et toujours), les émotions humaines de ses personnages. C’est l’amitié de Frodon et Sam qui nous émeut. C’est le sadisme de Geoffrey qui nous révolte. Ce sont les doutes de Fitz qui nous perturbent. Et non les dragons, les orques et les magiciens. Ça c’est juste pour rendre le reste plus cool 😜
Alors bien sûr, les dragons et les magiciens sont essentiels pour quiconque veut écrire un roman de Fantasy, et cet article est là pour vous donner une feuille de route claire, sans jargon ni baguette magique, pour écrire votre roman.
On va explorer ensemble les codes essentiels du genre, les pièges à éviter, et les bonnes pratiques pour que vos lecteurs croient à votre monde et à vos personnages… et qu’ils vibrent avec eux durant leurs aventures.
Mais d’abord commençons par la base :
Sommaire
Qu’est-ce que la Fantasy ?
La fantasy, c’est raconter des histoires dans un monde où la magie, les créatures surnaturelles et les prophéties farfelues font partie du quotidien.
Si un dragon survole Trifouillis-sur-Yvette en générant la panique dans le centre-ville, alors ce n’est pas de la Fantasy. C’est du fantastique.
En revanche, si le dragon survole une ville sans que ses habitants ne lèvent un sourcil simplement parce que, chez eux, le vol d’un dragon est aussi banal que la migration des étourneaux : alors c’est bien de la Fantasy.
Notez donc bien que ce qui compte, ce n’est pas la présence d’éléments ou de créatures magiques, mais plutôt la façon dont les personnages les considèrent.
Lisez l’article : « 40 genres de la littérature de l’imaginaire »
Un héritage qui pèse lourd (et inspire encore)
Les racines de la fantasy plongent dans les mythes anciens et les contes de fées, mais c’est au XXe siècle que le genre explose vraiment. J.R.R. Tolkien, avec Le Seigneur des Anneaux, a posé un modèle : un monde secondaire cohérent, peuplé d’elfes mélancoliques, de nains grognons, et de héros un peu dépassés par la prophétie.
Après lui, des générations d’auteurs se sont engouffrées dans la brèche, parfois en le copiant, parfois en le détournant. Plus récemment, George R.R. Martin a renversé la table avec Game of Thrones, en remplaçant le manichéisme par de la politique cynique et des personnages mortels (littéralement, tout le monde peut y passer).
Bref, la fantasy évolue sans cesse : des clones de Tolkien aux fables urbaines, en passant par la dark fantasy et la fantasy parodique.
Pourquoi choisir la fantasy quand on débute ?
Parce que c’est un genre à la fois exigeant et généreux.
Exigeant, car vos lecteurs connaissent ses codes par cœur (ils repèrent très vite une prophétie mal ficelée ou une carte médiévale copiée-collée).
Généreux, car il vous offre une liberté totale : inventer vos lois, vos créatures, vos royaumes, sans demander l’autorisation à personne. La fantasy est un formidable terrain pour parler du réel sous couvert de dragons et de magie : pouvoir, inégalités, écologie, identité… Tout peut passer par le prisme du merveilleux.
🎯 À retenir
- La Fantasy se distingue du fantastique par l’intégration naturelle de la magie et des créatures dans le quotidien.
- Ce qui compte, ce n’est pas la présence du dragon, mais la manière dont les habitants réagissent à lui.
- La Fantasy est un miroir de nos réalités humaines, habillé d’extraordinaire.

Les codes narratifs et scéniques de la Fantasy
La fantasy n’est pas un caprice d’auteur qui veut jouer avec des dragons comme d’autres collectionnent des timbres. C’est un genre avec ses codes, ses conventions, ses attentes, ses clichés, etc.
Dire cela ne signifie pas que tous les romans Fantasy doivent se ressembler (surtout pas), mais que leurs auteurs doivent connaître ces codes pour savoir comment les réinventer et les rendre crédibles aux yeux de vos lecteurs.
Regardons ces codes de plus près.
Les univers et les décors : plus qu’un décor de carton-pâte
Le premier élément qui saute aux yeux dans un roman de fantasy, c’est l’univers.
Les lecteurs ne viennent pas seulement pour une intrigue : ils veulent voyager. Mais un monde inventé n’a de valeur que s’il semble respirer par lui-même. C’est toute la différence entre une carte griffonnée au hasard et un univers qui fonctionne avec ses lois, son économie, ses peuples et ses conflits.
Chez George R.R. Martin, Westeros est aussi vivant que ses personnages : les dettes, les otages, les lignages créent des tensions qui se poursuivent même quand le héros n’est pas dans la pièce. Si votre monde cesse d’exister quand vos personnages ferment les yeux, c’est qu’il est encore trop fragile.
Un bon univers se révèle par petites touches. Robin Hobb, dans L’Assassin royal, ne balance pas un cours magistral de géopolitique en ouverture : elle nous fait comprendre le fonctionnement du royaume à travers la vie quotidienne de Fitz et non avec une introduction de 20 pages où elle nous balance toutes les infos en vrac.
Retenez ceci : votre lecteur préfère découvrir un monde en le traversant, pas en lisant son encyclopédie.
Lisez l’article « Worldbuilding : l’outil magique pour créer un monde imaginaire »
Les intrigues : des modèles éprouvés à personnaliser
La quête initiatique reste la structure la plus répandue : on part d’un village obscur pour sauver le monde, un artefact ou un ami.
De Frodon qui doit détruire l’Anneau à Eragon qui apprend à chevaucher son dragon, les exemples abondent. Mais la quête n’est pas une obligation. D’autres intrigues structurent le genre :
- le “casse” magistral de Les Salauds Gentilshommes de Scott Lynch,
- le roman d’apprentissage dans Terremer de Le Guin,
- l’épopée politique sanglante de Game of Thrones,
… ou encore la fantasy urbaine d’Estelle Faye dans Un éclat de givre.
Le point commun ? Des enjeux clairs, une progression lisible, et des choix qui coûtent cher aux personnages.
Chaque intrigue doit poser une promesse, un problème et un prix.
Dans Le Nom du vent de Patrick Rothfuss, Kvothe veut devenir un arcaniste respecté : promesse. Il est pauvre et isolé : problème. Chaque pas vers la connaissance lui coûte amitiés, santé et illusions : prix.
Si votre intrigue n’a pas ces trois éléments, elle risque de tourner à vide.
Les scènes signatures : attendues, mais pas figées
Enfin, la fantasy a ses passages obligés : la taverne où l’on se rencontre, l’entraînement qui forge le héros, la bataille décisive, la révélation de l’artefact magique. Ces scènes sont attendues, et donc piégeuses : elles peuvent être des clichés… ou des tremplins créatifs.
La conversation entre Bilbo et Smaug, dans Le Hobbit, reste une leçon de tension dramatique : pas d’épée, juste un duel d’esprit. Le Conseil d’Elrond est un modèle de scène politique où chacun défend ses intérêts, pas un simple “briefing de mission”. Quant aux batailles, elles valent pour ce qu’elles révèlent des personnages.
Votre rôle d’auteur est de revisiter ces scènes. Transformez la taverne en salle des ventes, faites de l’entraînement une humiliation publique, montrez la bataille à hauteur d’un simple fantassin. Bref, respectez les codes, mais surprenez vos lecteurs.
Car s’ils ouvrent un roman de fantasy pour retrouver un parfum familier, ils le terminent parce que vous leur avez montré une variation inédite.
🎯 À retenir
- Un univers de Fantasy doit sembler respirer par lui-même, pas être plaqué comme un décor.
- Les intrigues fonctionnent si elles reposent sur une promesse, un problème et un prix à payer.
- Les scènes attendues (taverne, batailles, artefacts) doivent être revisitées pour surprendre vos lecteurs.

Créer des personnages qui marquent
Vous pouvez avoir les plus beaux royaumes, les cartes les plus détaillées et la magie la plus originale : si vos personnages sont plats, votre roman s’écroulera comme un château de sable à marée haute.
La fantasy attire par ses mondes, mais elle captive par ses héros et héroïnes, leurs failles, leurs choix et leurs relations. Le lecteur ne s’attache pas à un décor, mais à des figures humaines (ou semi-elfiques, ou naines, peu importe) qui l’accompagnent dans le voyage.
Le héros ou l’héroïne : des failles avant des pouvoirs
Dans la fantasy, le héros est souvent un “petit” au départ : un orphelin, un paysan, un bâtard ou un apprenti réticent. Frodon n’est qu’un hobbit qui aime fumer sa pipe, Fitz n’est qu’un gamin illégitime traîné dans une cour hostile, Vin dans Mistborn n’est qu’une voleuse apeurée. Leur intérêt ne vient pas de leurs pouvoirs, mais de leurs fragilités.
C’est parce qu’ils doutent, qu’ils ont peur, qu’ils trébuchent, que nous les suivons. Un héros sans faille est insupportable ; un héros qui apprend, qui échoue, qui recommence, devient crédible et attachant.
Lisez l’article : « Construire un arc de personnage »
Le mentor : guide… mais pas GPS
Le rôle du mentor est un classique du genre : Gandalf, Dumbledore, Chade dans L’Assassin royal. Mais un bon mentor ne doit pas être une machine à solutions.
Gandalf disparaît pile quand on aurait bien besoin de lui et Chade manipule Fitz plus qu’il ne l’aide.
Le mentor doit être faillible, ambigu, parfois égoïste. C’est justement ce qui force le héros à se dépasser.
L’antagoniste : un adversaire crédible, pas une caricature
Un grand méchant ne doit pas se contenter de rire d’un air démoniaque en tortillant sa moustache dans son donjon. Il doit avoir une logique interne.
Sauron fonctionne comme une ombre absolue, mais la fantasy moderne préfère des antagonistes plus nuancés : Glokta chez Abercrombie est un tortionnaire cynique mais complexe, Cersei Lannister agit par amour maternel dévoyé, la Sorcière Blanche de Narnia croit sincèrement préserver l’ordre en gelant les émotions.
Le lecteur n’a pas besoin d’aimer l’antagoniste, mais il doit comprendre pourquoi il agit.
Lisez l’article « Comment créer un bon méchant »
Les compagnons : une famille choisie
La “bande” qui accompagne le héros est un autre pilier du genre. La Communauté de l’Anneau, les mercenaires de Gagner la guerre, l’escouade Bridge Four dans Les Archives de Roshar : ce sont des familles de substitution.
Leurs différences créent des conflits, leurs liens créent de l’émotion. Ils apportent l’humour, la loyauté, la trahison, le courage collectif.
Ne négligez pas vos compagnons : ils portent souvent la mémoire affective du lecteur bien plus que le héros principal.
Les relations : le sel de l’aventure
Enfin, ce qui transforme une intrigue en expérience, ce sont les relations humaines. Les amitiés improbables (Legolas et Gimli), les romances contrariées (Arwen et Aragorn, ou Fitz et Molly), les rivalités sanglantes (Jon Snow et Ramsay Bolton).
La fantasy n’est pas qu’un décor épique, c’est un théâtre d’émotions. Donnez à vos personnages des désirs personnels, des contradictions, et surtout, des relations qui évoluent. Un monde imaginaire n’a de valeur que parce que ses habitants nous semblent vivants.
Vos personnages ne doivent pas être des pions déplacés sur une carte, mais des êtres qui saignent, qui aiment, qui mentent, qui échouent. C’est par eux que vos lecteurs riront, trembleront, pleureront. Et si votre héros est bien construit, peu importe que son monde soit rempli de dragons ou de boulangeries enchantées : votre lecteur le suivra jusqu’au bout.
🎯 À retenir
- Les failles rendent un héros plus crédible que ses pouvoirs.
- Le mentor doit guider sans être un GPS.
- Un antagoniste doit avoir une logique interne, pas seulement être « méchant ».
- Les compagnons et les relations humaines portent l’émotion et la mémoire du lecteur.

Pièges et erreurs fréquentes à éviter
Écrire de la fantasy, c’est un peu comme manier un sabre laser. Ça a l’air fun comme ça, mais le risque de perdre un bras ou une jambe est hautement probable.
Beaucoup d’auteurs débutants tombent dans les mêmes travers, souvent par enthousiasme. Voici les erreurs les plus courantes – et surtout, comment les éviter.
Les clichés vus et revus
Dragons, prophéties, élus, tavernes enfumées : tout cela peut fonctionner… mais pas si vous le servez brut.
Le problème n’est pas l’élément en soi, mais la manière dont vous l’utilisez. Dans Le Seigneur des Anneaux, la prophétie est incarnée par Frodon, un héros minuscule qui casse le moule du chevalier héroïque. C’était très novateur lorsque Le Seigneur des Anneaux a été publié en 1955.
Mais aujourd’hui c’est devenu un cliché ambulant réchauffé à toutes les sauces, tout comme les histoires se tenant dans des écoles de magie ou des prophéties sur des élus destinés à sauver le monde.
Les lecteurs ont les dents du fond qui baignent dans un océan de clichés qu’ils connaissent parfois mieux que les auteurs eux-mêmes. Alors il ne faut pas hésiter à aller là où personne n’est encore allé, mais en respectant les codes.
Alors reprenez les tropes, mais détournez-les. Votre dragon peut être asthmatique, votre prophétie ambiguë, votre taverne un tribunal improvisé.
La magie “passe-partout”
Une erreur fréquente consiste à inventer une magie sans limite.
Besoin de sauver le héros ? Un sort.
Besoin d’expliquer un mystère ? Un artefact.
Résultat : votre intrigue perd toute tension, car le lecteur sait qu’un tour de passe-passe peut tout résoudre.
Brandon Sanderson a proposé une règle simple : plus la magie est expliquée, plus elle peut résoudre des problèmes. Dans Mistborn, l’allomancie est technique, coûteuse, et donc crédible.
À l’inverse, Ursula Le Guin, dans Terremer, garde la magie mystérieuse : elle crée des problèmes, elle ne les efface pas.
Choisissez votre camp, mais tenez-vous-y.
Les débuts encyclopédiques
Nombre d’auteurs ouvrent leur roman par vingt pages de contexte, de généalogie et de géographie.
C’est ce qu’on appelle l’info dumping : en gros cela consiste à balancer tous les éléments de contexte de son monde imaginaire au lecteur, histoire de s’en débarrasser avant d’entrer dans le récit.
Pour ma part, un livre qui commence par de l’info dumping part directement sur l’étagère « Romans qu’il ne fallait pas acheter » sans autre forme de procès.
Le lecteur veut une histoire, pas un cours magistral.
Robin Hobb l’a parfaitement compris : dans L’Assassin royal, on entre dans l’action dès le début, et on découvre la politique de Castelcerf par les yeux de Fitz, pas dans une préface interminable. L’univers doit se révéler progressivement, à travers les besoins immédiats des personnages.
N’essayez pas d’être exhaustif. Faites confiance à votre lecteur : il comblera les vides, et vous pourrez toujours révéler vos secrets plus tard.
Les personnages parfaits
Un héros qui réussit tout du premier coup, qui n’a peur de rien, qui comprend tout et qui attire l’admiration générale ? C’est ennuyeux.
Le lecteur veut voir un personnage lutter, échouer, se relever. Même Aragorn, pourtant prince en exil et combattant hors pair, doute de son destin et refuse sa couronne pendant une bonne partie du récit.
Rendez vos héros faillibles : c’est dans leurs cicatrices que vos lecteurs s’attachent.
Les batailles gratuites
La tentation est grande de remplir son roman de combats épiques… mais une bataille sans enjeu narratif n’est qu’une chorégraphie creuse. Dans Le Seigneur des Anneaux, chaque bataille a une fonction dramatique : Fort le Cor scelle l’unité entre les peuples, la Plaine du Pelennor marque le retour du roi.
Chez Robin Hobb, les combats sont vécus à hauteur humaine, avec des blessés, des deuils, des conséquences politiques. Une bataille doit changer quelque chose – sinon, c’est du remplissage.
Rappelez-vous : vos lecteurs veulent des personnages et des émotions, pas des notes de bas de page. La fantasy, au fond, n’est qu’une autre façon de raconter des histoires profondément humaines.
🎯 À retenir
- Les clichés peuvent être réinventés, mais jamais copiés sans nuance.
- Une magie crédible doit avoir des règles ou des limites.
- Bannissez l’info dumping en ouverture : l’action prime sur l’exposition.
- Un héros parfait ou des batailles gratuites tuent l’intérêt du lecteur.

Bonnes pratiques pour écrire une Fantasy captivante
Si les pièges de la fantasy sont nombreux, la bonne nouvelle est que vous pouvez facilement les éviter en adoptant quelques réflexes d’écriture. Ce sont des principes simples, mais redoutablement efficaces pour transformer une idée en roman qui tient la route et qui accroche vos lecteurs du début à la fin.
Commencez par une scène forte
Votre premier chapitre doit donner envie de tourner la page. Cela ne veut pas dire forcément une bataille sanglante ou un dragon en plein vol, mais un moment qui accroche immédiatement.
Dans Le Nom du vent de Patrick Rothfuss, l’histoire commence par l’atmosphère mystérieuse d’une auberge et la promesse d’un récit plus grand que nature.
Dans Le sorceleur d’ Andrzej Sapkowski, le premier tome attaque sur une rixe dans une taverne avec un mystérieux inconnu qui s’avérera être le sorceleur.
Ouvrez sur un conflit, un mystère ou une émotion : quelque chose qui force votre lecteur à s’attacher ou à vouloir comprendre.
Travaillez la psychologie de vos personnages
La fantasy est pleine de héros qui portent des épées, mais les lecteurs se souviennent surtout de ceux qui portent des cicatrices. Rendez vos personnages faillibles, ambigus, contradictoires.
Daenerys Targaryen n’est pas seulement une reine aux dragons, elle est une jeune femme en quête de légitimité, souvent déchirée entre son idéal et sa brutalité.
Plus vos personnages sont humains, plus vos lecteurs croiront à vos dragons.
Soignez la lisibilité
La fantasy aime les intrigues complexes, mais n’oubliez pas que vos lecteurs n’ont pas accès à vos notes de préparation. Les noms imprononçables, les cartes illisibles ou les complots à dix-sept factions risquent de les perdre.
Joe Abercrombie, dans La Première Loi, jongle avec de multiples intrigues mais conserve toujours des scènes centrées sur l’action ou les dilemmes des personnages. Posez des repères clairs et évitez les labyrinthes gratuits : mieux vaut une intrigue limpide qu’une fresque indigeste.
Testez vos idées avec des bêta-lecteurs
Un monde inventé peut sembler limpide dans votre tête et parfaitement opaque sur la page. Faites relire vos chapitres à des lecteurs extérieurs. Ce qu’ils trouvent confus, ennuyeux ou génial vous donnera une boussole.
Brandon Sanderson, avant de publier Elantris, avait fait relire ses manuscrits par une armée d’amis et de lecteurs-test, ajustant sans cesse son univers et son intrigue. Vous n’avez pas besoin d’un bataillon, mais de quelques regards sincères.
Lisez l’article : « Comment trouver des bêta-lecteurs »
Lisez beaucoup… et pas seulement vos auteurs préférés
Pour écrire de la fantasy originale, il faut d’abord connaître ce qui existe. Lisez Tolkien, Le Guin, Hobb, Martin, Sanderson, mais aussi des auteurs francophones comme Jaworski, Estelle Faye, Pierre Pevel.
Observez comment ils utilisent (et parfois brisent) les codes. Et surtout, lisez en dehors du genre : un roman historique, un polar, un essai peuvent nourrir votre imagination et enrichir vos mondes.
Ces bonnes pratiques ne sont pas des recettes magiques, mais des principes de bon sens. Ouvrez fort, construisez des personnages profonds, gardez votre intrigue lisible, confrontez vos textes à des lecteurs, et nourrissez votre inspiration à la source des grands.
Si vous appliquez cela, votre roman de fantasy aura toutes les chances d’embarquer vos lecteurs pour un voyage dont ils se souviendront.
🎯 À retenir
- Commencez fort avec une scène marquante.
- Construisez des personnages profonds et faillibles.
- Assurez la clarté de votre intrigue, même complexe.
- Testez vos idées auprès de bêta-lecteurs.
- Lisez largement, dans et hors du genre, pour enrichir votre plume.

FAQ – Écrire un roman de Fantasy
1. Quelles sont les étapes pour écrire un roman de Fantasy ?
Commencez par définir votre univers (lois, peuples, magie), puis construisez des personnages faillibles et crédibles. Imaginez une intrigue avec une promesse, un problème et un prix à payer. Enfin, écrivez en laissant votre monde se révéler au fil de l’action, pas dans une encyclopédie en ouverture.
2. Quels sont les clichés à éviter en Fantasy ?
Les prophéties toutes faites, les héros parfaits, les tavernes interchangeables et la magie sans limites. Ces éléments fonctionnent seulement si vous les détournez : un dragon asthmatique ou une prophétie ambiguë peuvent surprendre vos lecteurs.
3. Comment inventer un univers Fantasy crédible ?
Un univers est crédible s’il vit au-delà de vos héros : économie, peuples, conflits, coutumes. Montrez-le par petites touches à travers le regard des personnages, plutôt que par des pages entières d’explications.
4. Quelle est la différence entre Fantasy et Fantastique ?
Dans le fantastique, les éléments surnaturels provoquent peur ou doute chez les personnages. Dans la fantasy, ils font partie du quotidien : un dragon qui survole une ville n’étonne personne.
Osez écrire votre propre monde
Écrire un roman de fantasy, ce n’est pas un concours de généalogies imaginaires ni un défilé de dragons sous stéroïdes. C’est, avant tout, raconter une histoire humaine dans un cadre extraordinaire.
Tous les exemples que nous avons explorés – de Tolkien à Hobb, de Martin à Damasio – montrent une chose : la fantasy n’est pas qu’un empilement de clichés, c’est un genre qui se renouvelle sans cesse parce qu’il met en scène des personnages imparfaits, plongés dans des mondes plus vastes qu’eux.
Alors oui, vous pouvez commencer petit. Votre héros n’a pas besoin d’être l’élu d’une prophétie : il peut être un fermier fatigué, une voleuse méfiante ou une guérisseuse trop curieuse. Votre monde n’a pas besoin de dix cartes officielles et de trois langues inventées : il a surtout besoin de détails qui sonnent juste et d’émotions qui résonnent.
Le plus grand piège, c’est de croire que la Fantasy n’est que fresques grandioses et explosions de couleurs magiques chatoyantes. Que votre personnage soit un chevalier, un enfant, un elfe ou un gobelin, c’est avant tout son aventure humaine qui conservera l’attention du lecteur.
Comme je le disais en introduction : les dragons, la magie et les armures scintillantes, cela sert juste à rendre tout le reste cool.
Alors, osez. Inventez votre monde. Soyez créatif. Faites-vous plaisir. Donnez une voix à vos personnages. Laissez-les respirer, racontez leur histoire. Et souvenez-vous : vos lecteurs n’attendent pas le prochain Tolkien, ils attendent vous. Votre voix, vos obsessions, votre façon unique de faire vibrer les vieilles pierres et les dragons poussiéreux.
C’est cela, la vraie magie de la fantasy.