Faut-il écouter de la musique en écrivant ?

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Grande question pour finir ce mois d’août sur une dernière note plus légère qu’à l’accoutumée… enfin pas si légère que cela si on en croit les débats qui s’animent parfois sur ce sujet dans les réseaux sociaux (Twitter pour ne pas le nommer). Faut-il écouter de la musique en écrivant ? Certains auteurs ne s’imaginent pas écrire sans et d’autres ont besoin d’un silence complet pour s’adonner à leur art.

Rassurez-vous, la grande majorité de ces débats se termine par « Chacun fait comme il veut » (et c’est la meilleure conclusion possible), mais quels sont les arguments des uns et des autres et, surtout, qu’en dit la science ?

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Tout le monde est d’accord sur…

Si le sujet divise, certains points précis font l’unanimité des deux côtés de la barrière. Puisque j’aime bien mettre tout le monde d’accord, commençons par là…

Une source d’inspiration

Si écouter de la musique pendant l’écriture fait débat, elle fait l’unanimité en tant que source d’inspiration en dehors des sessions de travail.

Les odeurs, les images, les gestes et les sons sont de très puissantes ancres émotionnelles : des stimuli sensoriels qui nous ramènent à un état (bon ou mauvais) que nous avons connu par le passé et qui peuvent raviver un souvenir. Cette nostalgie « provoquée » additionnée à ce que la musique nous inspire peut s’avérer être un formidable catalyseur pour notre créativité.

(Pour en savoir plus sur les ancres émotionnelles et comment elles peuvent vous servir, lisez l’article : Comment vaincre le trac pendant une séance de dédicace)

Les paroles d’une chanson, le voyage qui y est suggéré ou l’histoire racontée peuvent être la petite étincelle qui manque pour LA bonne association d’idées qui vous manquait.

Sans paroles

Même les promusiques sont d’accord sur ce point : écrire et écouter de la musique avec des paroles compréhensibles est tout bonnement impossible.

Les paroles du chanteur ou de la chanteuse percent nos faibles défenses mentales, pénètrent notre esprit et ses mots se mélangent à ceux de notre roman pour créer une pâtée multithèmes. Cela revient à servir la crème glacée avec les spaghetti bolognaise. Vous avez beau aimer les deux séparément, le mélange est infâme.

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Les promusiques affirment que…

Écrire un roman implique de créer une ambiance qui lui est propre, certes, mais surtout constante. Vous ne pouvez pas vous permettre d’avoir un ton léger le lundi, sombre le mardi et jovial le mercredi. Vos lecteurs, eux, peuvent tout lire le même jour et seront désorientés par votre style lunatique.

Pour autant votre humeur, elle, est changeante d’un jour à l’autre voire même d’un horaire à l’autre. Mon épouse vous le confirmera, il vaut mieux me demander un service le matin, après une bonne nuit, que le soir après une journée de boulot.

La musique a prouvé sa capacité a influencer notre humeur. En écouter en écrivant peut donc être un bon moyen pour lisser notre état d’esprit sur une longue période. Il suffit pour cela de se coller un casque sur les oreilles et de jouer toujours le même disque et/ou les mêmes musiciens ou, à minima, le même style de musique.

À titre personnel, je me cantonne à un album par histoire, car je considère que les musiciens, comme les auteurs, essaient de faire passer une émotion différente dans chacune de leur production. Je reste donc fidèle à un enregistrement pendant tout le temps de l’écriture pour garantir une continuité d’humeur, et donc d’ambiance.

Les anti-musiques répondent que…

Écouter de la musique en écrivant nuit à leur concentration, c’est l’argument qui revient le plus souvent et il n’est pas contestable, car très personnel. Beaucoup d’études ont été faites à ce sujet et affirment que cela dépend du type de musique, du volume sonore et du genre de tâche à accomplir. Impossible donc de mettre tout le monde d’accord sur ce point.

Un autre argument est que le langage est une forme de musique et qu’un auteur, en travaillant le rythme de ses phrases et la sonorité de ses mots est, aussi, un compositeur. Il est alors impossible d’entendre la mélodie des mots dans notre tête si un autre musicien nous impose la sienne dans nos oreilles.

C’est le point de vue (très tranché) de Julien Hirt sur son blog « Le Fictiologue » :

« Parce que oui, l’écriture a une qualité musicale, et, pour savoir si un texte sonne bien ou pas, il faut être capable d’en percevoir la rythmique propre, à l’oreille s’il le faut, et même, pourquoi pas, à haute voix. Il est difficile de sentir la cadence spécifique d’un texte si, en parallèle, un tout autre rythme accapare votre attention. »

Vous pouvez retrouver l’intégralité de son article en cliquant sur ce lien.

La qualité musicale de l’écriture ne fait, pour moi, aucun doute. D’ailleurs si le vocabulaire de l’écriture est truffé de mots empruntés au monde de la musique, ce n’est sûrement pas un hasard.

Pour ma part, la musicalité des phrases est un aspect de l’écriture auquel je m’intéresse au moment de la correction. La lecture à voix haute est, pour cela, très efficace et s’exécute évidemment dans le silence.

(Lisez l’article : Comment corriger son roman)

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Que dit la science ?

D’un côté…

Au premier trimestre 2019, une expérience scientifique a démontré qu’écouter de la musique pendant le travail nuit à notre créativité.

Lors de trois expériences, des psychologues en lien avec trois universités suisses et britanniques ont étudié l’influence d’un fond sonore sur la créativité de personnes essayant de résoudre des problèmes de compréhension verbale.

Les trois expériences ont été faites respectivement avec une musique sans paroles, une musique avec des paroles étrangères et une musique avec des paroles de la même langue que celle des « cobayes ». Dans ces trois configurations, les résultats ont été comparés avec ceux réalisé dans le silence.

Il s’avère que, dans les trois cas, la musique nuirait au fonctionnement de notre mémoire de travail (ou mémoire verbale). La présence de paroles familière ou non n’aurait donc aucun impact, seule la présence ou non d’un bruit de fond en a un.

Vous trouverez les conclusions complètes de cette étude en suivant ce lien.

Cette mémoire de travail est celle dont nous nous servons le plus souvent. C’est elle qui permet à un serveur de se souvenir de votre commande. Vous l’utilisez pour mémoriser les chiffres de votre carte bleue avant de les saisir en ligne. C’est également celle dont vous vous servez actuellement pour finir la lecture de ce paragraphe sans en avoir oublié le début. 😉

D’un autre côté…

Cette étude vient en totale contradiction avec une autre étude réalisée en 2017 sur la relation entre musique et créativité.

Cette deuxième étude a démontré que la musique générant une humeur joyeuse (celle de Mozart étant la plus souvent citée) permettait aux 155 participants de générer une pensée divergente beaucoup plus importante que dans le silence.

La pensée divergente (en opposition avec la pensée convergente) est une pensée qui est faite d’association d’idées, de liens entre les choses et concepts, concrets ou abstraits. C’est une méthode de pensée utilisée pour produire des idées créatives en envisageant de nombreuses solutions possibles à un problème.

Bref, c’est la pensée qui nous mène à des créations originales.

Vous trouverez les conclusions de cette étude en cliquant sur ce lien.

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En conclusion

On ne sait pas.

Nous ignorons toujours si la musique est un moteur pour notre créativité ou un boulet pour notre concentration ou les deux. La science elle-même n’ayant pas réussi à trancher, il ne nous reste donc plus que le bon vieux :

« Que chacun fasse comme il veut. »

Après tout, que vous importe les conclusions des scientifiques de 2017, de 2019, de l’avis de Julien Hirt ou du mien si vous avez déjà fait votre choix et que celui-ci vous convient ?

La véritable question importante à se poser est la suivante : « Avez-vous tout testé ? »

Avez-vous essayé d’écrire dans le silence ? d’écouter de la musique joyeuse ? Une musique collant à l’ambiance de votre livre ?

Si oui, alors vous êtes en mesure de faire un choix conscient et éclairé et personne n’a rien à vous dire. Vous êtes le mieux placé pour savoir de quoi vous avez besoin. Si ce n’est pas le cas, en revanche, peut-être vous êtes-vous arrêté trop vite sur le premier essai.

Faites le test. Qu’avez-vous à perdre ?

Maintenant, dites-moi, écoutez-vous de la musique en écrivant ou non ? Si oui, qu’écoutez-vous ?

Racontez-moi dans les commentaires et mettez des liens vers vos playlists préférées 😉

Image parRichard Revel de Pixabay 


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7 réponses

  1. Merci pour l’ouverture d’esprit de cet article 😉 chaque camp peut être assez virulent envers l’autre…
    De mon côté je fais partie des promusique, sans paroles effectivement (à une ou deux exceptions près). J’écoute essentiellement des musiques de films, en revanche je mélange les genres assez allègrement en général. La musique me sert plus à m’isoler du monde extérieur qu’à me mettre dans une ambiance particulière.
    Pour certaines scènes précises cela dit (les scènes de bataille ou de drame par exemple), j’écoute une musique qui dans le même ton, surtout pendant les corrections.

    1. Intéressant. Je n’avais pas pensé à l’écoute pendant les corrections. Qu’est-ce qu’elle t’apporte exactement?

  2. La réponse peut être assez large car très liée au concept même de création littéraire. Je distingue personnellement la phase de conception du scénario (plus ou moins détaillé) où je reste très concentré, sans musique. La phase d’écriture elle-même, où je choisis un fonds musical qui peut m’aider à naviguer dans les émotions, et enfin la phase de relecture -corrections, plutôt à voix haute, sans musique. Mes morceaux musicaux qui illustrent mes romans sont toujours indiqués en fin de livre (en général une dizaine de titres). Les choix sont très personnels, mais l’expérience me montre que les lecteurs acceptent bien les liens. Il y a peut être un lien avec le cinéma, en concevant une scène avec son illustration musicale qui remet bien dans l’ambiance que je souhaite. je commence maintenant à prévoir certains chapitres courts avec la musique illustrante en tête de chapitre (juste le titre, pour des raisons de droits).

    1. Bonne idée que d’intégrer les morceaux écoutés en fin de livre. Les lecteurs mélomanes doivent apprécier. Merci du tuyau.

  3. Je suis fan de musiques de film, mais pourtant je sépare vraiment cette passion de mon travail d’écriture, je préfère me mettre à la place d’un lecteur potentiel plutôt que de relier la prose à une musique que lui n’entendra pas de toute façon en même temps. Pendant un moment, quand je participais à une sorte de club d’écriture sur Star Trek, je rédigeais mes nouvelles en écoutant, non pas du Star Trek, mais la bande originale du Flic de Beverly Hills, tres énergique. Mais quand je relisais les textes sans la musique, ça ne me faisait plus du tout le même effet ! Du coup j’essaie d’éviter. Quand j’écris en musique maintenant, c’est au contraire POUR me concentrer. Je suis dans « ma bulle ». Je me suis découvert une passion tardive pour le groupe Roxette, et c’est en général mon fond sonore ces derniers temps, une musique de fond qui il me semble n’influence pas le contenu du texte. Il me semble, du moins…

    1. La musique peut parfois nous donner la fausse impression d’avoir atteint un état émotionnel qui n’est vrai que pour nous. C’est vrai.
      Merci pour cette précision.

  4. Personnellement, j’ai écrit une saga en écoutant la musique d’un film et depuis je ne peux plus écouter cette musique sans replonger dans l’ambiance de mon livre.
    J’écris aussi bien sans musique qu’avec mais lorsque j’en ai trouvé une qui colle avec mes mots elle reste liée à l’histoire du moment. Par contre ce ne sont qu’essentiellement des musiques sans paroles car là effectivement les mots des chansons vont perturber mon esprit et je vais écrire une sorte de bouilli sans nom ! (comme ma lecture est perturbée par les GIF dans les textes ! mon œil est attiré par le mouvement et je perds le fil de ma lecture !)
    Mais la musique, en tout cas, détermine à coup sûr le caractère de mon personnage principal, si en relisant je n’écoute pas la même musique… ça devient compliqué !
    Par contre, j’ai lu un livre où les titres qui avaient aidés l’auteur à écrire étaient indiqués et cela a été pour moi une lecture plus que désagréable. La musique, les notes n’ont pas le même impact sur chacun. Une musique me fera vibrer alors que mon voisin y sera totalement hermétique. L’auteur a écrit en sentant profondément l’impact de ces notes sur son écrit mais je ne ressentais pas la même chose et la lecture s’en trouve transformée. Je ne pense pas que ça soit une bonne idée d’indiquer les titres à cause de cela.
    « La fabrication » de nos romans reste notre jardin secret, il est la part de nous même que nous ne livrons pas à nos lecteurs, et plus tard le lien secret qui nous reste lorsque notre livre part vivre sa vie sans nous vers d’autres tables de chevet ou d’autres fauteuils au fin-fond d’une bibliothèque qui nous sera toujours inconnue. Lorsqu’il est édité mon livre ne m’appartient plus, mais la musique qui a aidé à le concevoir restera pour toujours mon lien secret avec lui, le cordon ombilical qui lui a donné naissance.
    En conclusion, oui j’écoute de la musique sans parole et souvent c’est la musique qui détermine ce que je vais écrire.

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