Quelle est la vraie différence entre l’édition traditionnelle, c’est-à-dire en passant par un éditeur avec comité de lecture, lettre d’accompagnement, etc. et l’auto-édition comme celle dont je parle sur ecrire-et-etre-lu ?
La question mérite d’être posée tant elle soulève encore régulièrement les passions sur les réseaux sociaux, mais également chez les médias traditionnels. On se rappelle tous du mini-scandale qu’avait provoqué la nomination de Marco Koskas pour le prix Renaudot.
Mon but ici n’est pas de déchaîner les passions, mais de vous donner MON opinion sur ce qu’est la vraie différence entre ces deux modes d’édition.
Les idées reçues
Tout d’abord, on va tordre le cou à quelques idées reçues sur l’un et sur l’autre.
Les livres auto-édités sont de mauvaise qualité
C’est absolument et complètement faux. D’ailleurs si vous en êtes convaincu alors je vous conseille de vous désabonner de ce blog parce que ce que j’ai à y dire ne vous conviendra pas, alors ce n’est pas la peine que vous perdiez votre temps ici.
Dans l’auto-édition, il y a des catastrophes littéraires, j’en conviens bien volontiers. Des livres qui n’ont pu atteindre le stade de la publication QUE parce qu’il n’y avait personne pour dire « Non, c’est trop mauvais ». Mais il y a également des dizaines de livres auto-édités qui sont de qualité équivalente sinon supérieure aux livres qui passent par des maisons d’édition. Des perles qui n’auraient peut-être jamais vu le jour si l’auto-édition n’avait pas existé.
Donc, non ce n’est pas, pour moi, la vraie différence entre ces deux modes d’édition.
Avec une maison d’édition, les auteurs ne s’occupent pas du marketing
C’est faux et archifaux, d’ailleurs dans l’article invité qu’elle a publié sur le blog, Cécile Hennerolles, qui est une autrice éditée par plusieurs maisons, le dit elle-même
« (…) il ne faut pas partir du principe que lorsque l’on a une maison d’édition, on peut se débarrasser entièrement des considérations marketing »
(Lisez l’article « Avoir une maison d’édition, qu’est-ce-que ça change« )
C’est une aide, notamment financière, car l’éditeur prend à sa charge les dépenses de publicité et de réservation dans les salons littéraires, mais l’auteur reste, quel que soit son mode d’édition, le premier vendeur de son propre livre.
Donc, désolé, mais vous devrez vous y mettre que vous le vouliez ou non.
On n’est pas un vrai écrivain si on n’a pas de maison d’édition
Vous avez écrit un livre et vous l’avez publié. Vous êtes un écrivain.
Je répète : vous avez écrit un livre et vous l’avez publié. Vous êtes un écrivain.
Si ce n’est toujours pas clair, je vais citer la machine à bestseller qui vient du Maine :
« Avez-vous besoin de quelqu’un pour vous faire un badge en papier avec le mot “ECRIVAIN” dessus avant de pouvoir croire que vous en êtes un ? » Stephen King
Ce que personne ne vous dit
La seule vraie raison qui peut vous pousser à plutôt choisir l’auto-édition ou l’édition traditionnelle : c’est vous ou plus précisément ce que vous cherchez à obtenir en publiant ce livre et ce que vous êtes prêt à accepter ou non pour que cela fonctionne.
Les auteurs sont comme les poissons, il y en a qui sont fait pour nager en eau douce et d’autres qui sont fait pour l’eau de mer. Diriez-vous que les poissons de mer sont de meilleurs poissons que ceux des rivières ? Non. Ce sont tous des poissons, mais ils sont fait pour deux types d’environnement différent.
Il en va de même avec les auteurs et les modes d’édition. Il n’y a pas un mode d’édition meilleur que l’autre, mais il y a un mode d’édition qui vous convient mieux que l’autre. Et ce sera différent pour votre voisin.
Votre définition du succès
Beaucoup de choses se décident avec cette simple question : Que représente, pour vous, le succès en tant qu’auteur ?
Cela peut être un milliard de choses différentes. Il n’y en a pas de mauvaise, mais vous ne les obtiendrez pas forcément dans l’auto-édition ou dans l’édition traditionnelle. C’est donc en fonction de ce que vous cherchez au plus profond de vous que vous devrez vous orienter vers l’une ou vers l’autre. Pour cela vous devrez être très honnête avec vous-même.
Si vous cherchez : la renommée, la reconnaissance d’une élite, d’un professionnel de l’édition ou des autres auteurs alors il est probable que vous trouverez ce que vous cherchez chez une maison d’édition.
En revanche, si vous cherchez : la satisfaction de l’autodidacte, l’indépendance ou la rentabilité financière alors vous serez certainement satisfait plus facilement (ou plus rapidement) avec l’auto-édition.
Il est des définitions du succès qui fonctionnent très bien dans les deux alors, vous êtes le roi (ou la reine) parce que vous avez le choix.
Ce que vous êtes prêt à faire
Enfin, si les deux modes d’édition ont leurs avantages, ils ont bien sûr leurs inconvénients et leurs contraintes. Il vous faut donc savoir dans quoi vous vous engagez avant de vous lancer dans un choix ou dans l’autre.
Les maisons d’édition offrent du confort et de la sécurité. Elles vont aider l’auteur à améliorer son œuvre et à déterminer quel titre, quel 4e de couverture, quelle couverture, quel prix seront les meilleurs pour la vente de votre œuvre. Ils feront ces modifications que vous le vouliez… ou que vous ne le vouliez pas.
Étant donné que c’est l’éditeur qui va prendre le risque financier pour publier et vendre votre roman, ce sera donc lui qui aura le dernier mot.
D’un autre côté, dans l’auto-édition, vous aurez le contrôle sur tout. Vous pourrez choisir votre titre, votre couverture, votre prix comme vous le souhaitez et surtout, vous pourrez les changer autant de fois que vous le désirerez (ce qui n’est pas possible dans l’édition traditionnelle.
La contrepartie de tout cela, c’est que vous devrez vous farcir l’intégralité du travail que cela représente et croyez-moi quand je vous dis que ce n’est pas négligeable.
Il y a évidemment la possibilité de déléguer une partie de ce travail [pour certaines tâches techniques, c’est même recommandé], mais vous devrez alors assumer le risque financier de cette liberté puisque ce sera à vous d’y investir votre propre argent.
[Lisez l’article : « Quel budget pour l’auto-édition (et comment le réduire) »]
Vous l’avez compris, il n’y a pas un mode d’édition meilleur que l’autre, mais il y en a un qui vous correspondra mieux qu’un autre. Pour savoir lequel est fait pour vous, la meilleur moyen reste de les tester tous les deux.
Parce que, après tout, rien ne vous empêche de publier votre livre en auto-édition tout en démarchant les maisons d’édition en parallèle.
6 Responses
Merci pour cet article éclairé. Une phrase m’a fait un peu tiquer : « La seule vraie raison qui peut vous pousser à plutôt choisir l’auto-édition ou l’édition traditionnelle : c’est vous. » . En effet il y a au moins une autre raison pour choisir l’auto édition ce sont les maisons d’édition elles-mêmes qui ne donnent pas toujours suite à une demande de partenariat.
Je suis auteur auto éditée. J’en suis très heureuse. Pourtant je ressens un ostracisme vis-à-vis de mon choix d’édition. Hier la médiathèque de ma ville a refusé mes livres justement parce qu’ils sont auto édités. Cette médiathèque faisant partie d’un réseau régional de médiathèques ne peut, selon les règles de ce réseau, avoir dans ses étagères d’auteurs auto édités. La médiathèque de ma ville ! J’ai cru rêver…
Je pense que les choses vont évoluer, la technologie notamment fait bien avancer les choses.
Bonne journée et encore merci pour vos articles.
Les deux voies sont encombrées d’obstacles… et des gros! Pour les maisons d’édition, ce sont les filtres et exigeances des comités de lecture qui génèrent des milliers de lettres de refus chaque année. Pour l’auto-édition, ce sont les préjugés et les comportements rétrogrades comme celui de votre médiathèque.
Au final, il faut s’accrocher et persévérer pour atteindre son but, quel que soit le mode d’édition. C’est donc bien vous qui choisissez l’option qui vous convient et qui choisissez quels obstacles vous allez affronter. C’est le sens de ma phrase.
En tant qu’auteur autoédité, on est obligé d’avoir une structure légale, fut-ce un statut de microentrepreneur (ex-autoenrepreneur). Et si je ne me trompe pas, un microentrepreneur (et bien sûr toute structure plus « imposante » aussi) peut choisir une dénomination commerciale, à condition que celle-ci soit libre. Donc un autoédité ayant une structure devrait totalement pouvoir éditer ses livres sous son nom d’éditeur (genre « Trucmuche éditions… »), et donc le livre paraîtrait comme venant d’une ME. Même si c’est la vôtre…
C’est tout à fait exact. Vous n’êtes pas obligé de publier sous votre nom et le nom d’une « maison d’édition » peut vous servir de nom de plume.
C’est une pratique courante, tout à fait accepter aussi bien légalement que sur des sites comme Amazon.
Un article qui m’a donné une pêche d’enfer ce matin.
Merci Jérôme !
Avec plaisir 🙂
Merci pour ce commentaire court, mais plein d’énergie positive 🙂