Le nombre de mots d’un roman : ce qu’il faut savoir

Le bon nombre de mots pour un roman
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« Quel nombre de mots pour un roman ? » après « Comment faire pour vendre ? » et «Comment déclarez-vous vos droits d’auteur ? », c’est sans doute la question la plus souvent posée sur les réseaux sociaux.

Les twittos et facebookiens bien intentionnés donnent généralement la réponse suivante :

« Il n’y a pas de nombre de mots minimum. Tu t’arrêtes d’écrire quand tu n’as plus rien à dire. »

Ils ont raison. Le but, lorsqu’on écrit, n’est pas de noircir du papier pour noircir du papier, mais de raconter une histoire. Lorsque l’histoire est racontée, on s’arrête. Continuer à écrire ou ajouter des descriptions à rallonge pour « faire plus gros » ne servira à rien d’autre qu’à gonfler votre ego et déblatérer des phrases qui ennuieront le lecteur.

Ceci étant dit, cette réponse, aussi pertinente soit-elle, est incomplète. Alors voyons pourquoi la longueur d’un roman peut avoir son importance et quelle longueur viser pour quel type de publication.

Pourquoi compter en nombre de mots ?

Tout simplement parce que le nombre de pages n’est pas fiable. La même histoire écrite en police Calibri de taille 12 avec des interlignes simples tiendra sur moitié moins de pages qu’avec une police Liberation Sans de taille 13 avec des interlignes doubles.

En plus, cette différence se creusera en fonction de la coupe de taille que vous choisirez pour l’impression de votre broché.

La plupart des auteurs et éditeurs comptent donc en nombre de mots ou en S.E.C. c’est-à-dire Signes Espaces Comprises, mais personnellement, je trouve le nombre de mots plus parlant.

N.B : Pour passer rapidement du nombre de mots au nombre de SEC, il existe une astuce qui consiste à multiplier le nombre de mots par 6.

Mais bon, la table de 6 c’est pas la plus simple…;)

Est-ce que la taille compte ?

Oui je sais, l’allusion graveleuse est facile, mais sur ce point je suis entièrement d’accord avec ma femme quand elle affirme que non.

La qualité d’une histoire se mesure aux émotions et aux messages qu’elle transmet et non à la quantité de papier qu’elle utilise.

Pour autant, nous avons beau tous savoir et répéter qu’il ne faut pas juger un livre sur sa couverture, nous savons pertinemment que tout le monde le fait. Alors voyons quel impact aura l’épaisseur de votre livre sur ceux qui le liront.

Les lecteurs

Commençons par eux, puisqu’ils sont au cœur de nos préoccupations

Le lecteur, consciemment ou inconsciemment, tient compte de l’épaisseur d’un livre avant de décider de l’acheter (tout comme il choisira un livre dont la couverture lui plaît). Son appréciation de cette épaisseur dépendra avant tout de ses goûts personnels, de sa maîtrise et de son appétence pour la lecture.

Par exemple, une professeure des écoles qui dévore quatre livres par semaine cherchera de préférence des pavés. Elle veut en avoir pour son argent et voudrait éviter de revenir dans sa librairie trop tôt, sachant que cet endroit est très dangereux pour son compte en banque (que celles qui se reconnaissent lèvent la main 😉 ).

D’un autre côté, une amie professeure des écoles me confiait que, lorsqu’elle demande à ses élèves de cours élémentaire de choisir un livre, ces derniers repoussent systématiquement les volumes qu’ils jugent trop épais, car trop longs à lire.

« Mais comment savoir si nos lecteurs aiment les pavés ou les novellas ? »

Pas facile en effet. Heureusement, plusieurs études ont fait remonter certaines similitudes qui sont plus liées au genre des romans qu’au type de lecteurs.

Partant du principe que les lecteurs qui aiment le même genre de roman aiment également la longueur qui caractérise ces genres, on peut en déduire des tendances que je détaille plus bas.

La qualité d'un livre ne se juge pas sur son épaisseur
Image par Pexels de Pixabay

 

Les chroniqueurs

« Trop long » ou « Trop court » sont rarement des critiques qui visent véritablement le nombre de mots d’un roman, mais plutôt la fluidité de son écriture.

Après tout, il nous est à tous arrivés de dévorer un pavé de 800 pages en 3 jours et de peiner à finir une novella de 20 000 mots.

Certains chroniqueurs ont fait remonter que « Charlie et le magicien invisible » était « trop court ».

J’ai pris ça comme un compliment 🙂

Les options de publication

Quand on parle d’écriture, le nombre de mots ne prend véritablement d’importance que lorsqu’on aborde les options de publication.

L’édition traditionnelle

Si vous visez l’édition dans une maison d’édition traditionnelle, il faut savoir que le nombre de mots aura un impact sur l’acceptation ou le rejet de votre manuscrit.

Les éditeurs ont tendance à bouder les romans de moins de 50 ou 60 000 mots minimum. D’un autre côté, ils seront très frileux à l’idée de publier un premier roman de plus de 150 000 mots. Les coûts d’impression que cela représente étant un investissement trop risqué pour un auteur inconnu (Vous pensiez que les éditeurs ne tenaient compte que de la qualité des romans ? Désolé).

Les novellas sont généralement vendus à un prix plus bas que les romans. Sachant que publier un livre de 30 000 mots ou un livre de 80 000 mots coûte à peu près le même prix, les éditeurs seront toujours réticents à prendre des novellas (et encore moins des novelettes).

L’exception à cette règle est, bien sûr, si la novella en question a été écrite par un auteur réputé avec une large communauté de fans.

L’auto-édition

Dans le monde merveilleux de l’autoédition où les lecteurs achètent majoritairement des ebooks, la distinction entre un roman et une novella, par exemple, est moins cruciale.

Les lecteurs potentiels ne voient pas l’épaisseur de la tranche de votre livre et personne n’oblige les auteurs à apposer un label « novelette » ou « novella » sur la couverture. Le nombre de pages est consultable dans la description, mais il n’aura pas le même impact en version dématérialisée que sur une version papier.

Quel nombre de mots pour quel format ?

Voici donc, par convention, les longueurs en nombre de mots pour les différents formats de publication avec, pour les romans, une sous-division par genre littéraire.

Nombre de mots par format

Combien de mots pour un roman

Comme vous pouvez le voir dans le tableau ci-dessus, il existe une espèce de no man’s land entre un nombre de mots compris entre 40 et 50 000. Certains considèrent qu’il s’agit d’une longue novella, d’autres d’un court roman… on ignore ce qui se trouve réellement dans ce trou noir littéraire. Tout ce qu’on sait, c’est que ceux qui s’y sont aventuré ne sont jamais revenus.

On arrête de pinailler sur l’appellation « roman court » à compter de 60 000 mots et votre roman restera dans la « norme » tant qu’il ne dépassera pas les 100 ou 110 000 mots.

Comme je le disais plus haut, il existe également des tendances de longueur en fonction de votre genre littéraire. Je ne parle ici que des cas particuliers. Les autres seront plutôt dans la norme ci-dessus.

Romance

Il y a de tout. De 45 000 à 150 000 mots. J’ai envie de dire qu’en amour tout est possible.

Science-fiction / Fantasy

Ici ça ne rigole pas. En science-fiction comme en fantasy, vous avez souvent tout un univers à construire, des théories physiques à expliquer et des concepts imaginaire à explorer : cela demande de la place.

C’est pourquoi il n’est pas rare de trouver des pavés de 150 000 mots dans ces genres.

Les romans jeunesse

C’est plus compliqué, car on en touche pas là au code d’un genre, mais aux caractéristiques des lecteurs.

Les enfants, en fonction de leur âge et de leur niveau scolaire, auront plus ou moins d’appétence pour des volumes épais.

Il existe des exceptions bien sûrs, je ne parle là que d’une tendance et non d’une règle absolue, mais quiconque a essayé de faire regarder « Le seigneur des anneaux » à un enfant de 8 ans sait qu’ils se lassent vite. La longueur d’un roman jeunesse doit donc être adaptée à l’âge du public que vous visez.

A titre indicatif, je vous laisse ci-dessous les critères de longueur affichés par les éditions Bayard jeunesse. Ces critères varient sans aucun doute d’un éditeur à l’autre, mais Bayard est le seul à les exposer publiquement sur son site internet.

7 à 10 ans : Romans d’aventure à partir de 40 000 signes (soit environ 7 000 mots)

10 à 13 ans : Romans tous genres de 80 000 à 100 000 signes (soit entre 13 000 et 17 000 mots)

12 à 13 ans : Romans tous genres à partir de 100 000 signes (soit plus de 17 000 mots)

Personnellement, je trouve ces barèmes un peu bas. « Charlie et le magicien invisible » est un roman jeunesse pour les 8/12 ans d’environ 50 000 mots, et je n’ai jamais eut de retour sur la longueur de la part des lecteurs.

Le nombre de mots doit être adapté aux enfants
Image par StockSnap de Pixabay (2)

 

Combien de mots pour une novella

Une novella est une fiction avec un nombre de mots compris entre 17 500 et 40 000.

Là encore, il ne s’agit pas règles absolue, et les chiffres peuvent légèrement varier en fonction de qui vous en parle. Mais il s’agit d’une échelle reprise par des organisations de prix littéraires, telle que le prix Hugo par exemple.

(Lisez l’article : « Comment écrire une novella »)

Combien de mots pour une novelette

Une novelette est une fiction avec un nombre de mots compris entre 7 500 et 17 500 (fourchette également cité par le prix Hugo).

C’est un format qui était très populaire à la fin du 19e et début du 20e siècle et publié dans les magazines de fiction. A l’époque, on considérait probablement les publications de cette longueur comme des nouvelles.

Combien de mots pour une nouvelle

Une nouvelle est une fiction avec un nombre de mots inférieur à 10 000. Ce nombre est soumis à de nombreuses interprétations, car la plupart des prix littéraires spécialisés impose un nombre de mots inférieur à 7 500.

(Lisez l’article : « Comment écrire une nouvelle, avec Oliver Krauq »)

Quelques exemples qui prouvent que la taille ne compte pas

Oui, j’insiste, mais je souhaite vous montrer que la qualité et la renommée de certaines publications n’ont pas eut besoin d’un gigantesque nombre de mots pour rentrer dans l’histoire.

« Chute de la maison Usher » d’Edgar Allan Poe (11 000 mots)

« L’appel de Cthulhu » de HP Lovecraft (12 000 mots)

« L’étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde » de Robert Louis Stevenson (17 000 mots)

« La métamorphose » de Franz Kafka (21 000 mots)

« Un conte de Noël » de Charles Dickens (28 000 mots)

« La ferme des animaux » de Georges Orwell (30 000 mots)

Petits livres, gros livres, le nombre de mots importe peu
Image par Andrzej Rembowski de Pixabay

Et vous ? Quelle est votre politique en matière de longueur ? Est-ce que vous vous fixez un nombre de mots minimum pour votre roman ? Ou laissez-vous votre plume courir sans vous en préoccuper ?

Dites-le moi dans les commentaires.


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9 Responses

  1. Bonne question. Ma politique, c’est d’écrire sans me préoccuper de cet aspect, de réécrire sans me préoccuper de cet aspect le nombre de fois nécessaire, de couper impitoyablement tout ce qui est en trop dans la dernière version, puis de compter ensuite. C’est le récit qui command. Le conteur, pas le compteur.

    1. Je suis d’accord, même si j’avoue garder un oeil sur le compteur pour savoir si je suis dans la fourchette de ce que j’avais prévu. Mais je m’autorise à dépasser ou à être en-dessous si c’est nécessaire.

  2. Bonjour,

    Merci pour cet article. Personnellement, je privilégie les romans courts, car je pense à ceux que je nomme les « laissés pour compte » soit les personnes qui ne maîtrisent pas forcément la langue de Molière car non francophones, dyslexiques ou simplement des gens qui ont peut-être de la peine et s’interdisent de lire.

    Je souhaite que tout un chacun puisse prendre du plaisir à lire.

    Belle journée

    1. Autre avantage des romans courts: on peut en écrire plus. Ce qui n’est pas rien quand une petite troupe de fans attend le prochain.

  3. Pour ma part, j’écris « court » et j’écris de l’urban fantasy. Pour mon 2e roman de 31 000 mots, un novella donc selon tes catégories, je me suis posée la question de chercher un éditeur. Peine perdue, ceux qui publiaient des auteurs français cherchaient des pavés. Je me suis donc directement auto-éditée. Donc, oui, la longueur ça compte aussi pour les éditeurs.
    À noter, chaque sortie annuelle d’Amélie Nothomb tient plus du novella que du roman sans que ça gêne personne…

    1. Amélie Nothomb jouit déjà d’une belle notoriété. C’est pourquoi les éditeurs la suive sur des novellas. Mais je suis moi-même un grand fan des novellas. Plus concise, plus direct, elle me correspondent mieux. Je préfère écrire deux novellas de 150 pages plutôt qu’un roman de 300 pages.

  4. Cet article est très intéressant. J’avoue qu’il répond à une question que je me suis posée tout récemment.
    En tant que débutante, c’est une question que je ne m’étais jamais posée jusqu’à tenter le NaNoWriMo. J’ai un roman de fantasy en cours, commencé il y a deux ans, et j’avoue que la question du nombre de mots ne m’est pas paru particulièrement existentielle, contrairement à toutes les autres questions qu’un débutant peut se poser.
    Aujourd’hui, je compte mes mots, mais c’est plus comme de l’auto-motivation pour suivre mon avancement en terme de volume qu’autre chose. Ça fait du bien de constater à la fin d’une journée qu’on a écrit 1000 ou 1500 mots, le soir après le travail, par exemple et de se dire qu’on n’a jamais été aussi proche du but. Même si me concernant, je n’ai pas la moindre idée du nombre de mots que comportera mon histoire au final. J’écris ce que j’aime. Point.

    1. Je suis complètement d’accord. Le compteur de mots peut parfaitement être une source de satisfaction ou de motivation. Je me suis fixé un objectif de 1000 mots par jour par exemple. Je le remplis 8 jours sur 10, ce qui n’est déjà pas mal. Mais même quand je ne fais que 500 mots, je n’en fais pas un drame. L’important c’est décrire tous les jours.
      Bon courage pour la suite 😉

  5. Merci pour cet article instructif et répondant à des questions concrètes.
    J’ai appris l’existence des « novella » et « novelette » comme vous les appelez et même si je trouve ces termes un peu barbare, au moins maintenant je sais que je n’écris majoritairement pas des nouvelles.
    Si un jour il me vient la drôle d’idée de vouloir être publiée, il faudra définitivement que je mette mes récits ensemble pour une collection car je doute en effet que les éditeurs soient séduits par des formats de 10 à 20 000 mots.

    Bonne continuation à vous, et bravo pour le livre et pour l’article !

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