Comment écrire une novella : les 7 étapes

Comment écrire une novella
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J’aime lire autant qu’écrire une novella. Il s’agit d’un format qui me convient, car il est à mi-chemin entre le roman et la nouvelle en termes de longueur. Il permet d’en écrire plus et plus vite, de plonger plus profondément dans un monde qu’avec une nouvelle sans traîner en longueur comme dans certains romans. C’est également le format idéal si vous voulez vous lancer dans l’écriture d’une série.

Dans cet article, je vous propose de voir comment écrire une novella, de quelle longueur elle doit être, en quoi c’est différent d’un roman et quels sont les éléments de l’histoire à côté desquels il ne faut pas passer.

Mais avant, nous devons d’abord nous mettre d’accord sur ce qu’est une novella.

Qu’est-ce qu’une novella

Plus court qu’un roman, mais plus long qu’une nouvelle, la novella est un format bâtard qui trouve sa place entre le récit de 600 pages qui traîne en longueur et la nouvelle dont la fin est parfois précipitée. C’est un format que j’adore, car il va à l’essentiel tout en permettant de construire des personnages profonds et un univers complexe.

La longueur moyenne d’une novella se situe entre 7500 et 40 000 mots. Ceci étant dit, il n’existe pas de loi gravée dans le marbre sur ce point et on a déjà vu des novellas dépasser les 40 000 mots.

Pas d’inquiétude donc. La brigade spéciale des libraires et bibliothécaires ne fera pas de descente chez vous si vous écrivez une novella de 45 000 mots.

Mais alors, si la limite du nombre de mots n’est pas stricte, qu’est-ce qui fait la différence entre une novella et un roman et surtout : comment en écrire une ?

Bonne question ! Et ça tombe plutôt bien, car vous avez toutes les étapes ci-dessous.

Le nombre de mots: un critère important pour écrire une novella
Image par Tobias Rehbein de Pixabay

1 — Avant d’écrire une novella… lisez des novellas

Quelle surprise ! Mais quelle surprise ! Vous ne l’avez pas vu venir, pas vrai ?

Effectivement, en lire quelques douzaines avant de commencer à écrire des novellas va vous aider à vous imprégner du rythme de ce format particulier. C’est aussi un très bon moyen de comprendre ce qu’un lecteur attend d’une novella et de comprendre ce qui en fait un format unique.

Vous avez sans doute déjà lu des novellas, car certains chefs-d’œuvre appartiennent à cette catégorie. Parmi mes préférées, vous trouverez « La ferme des animaux » de Georges Orwell, « L’étrange cas du docteur Jekyll et Mr Hyde » de Robert Louis Stevenson et « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques » de Philip K. Dick (qui a été adapté dans le célèbre film « Blade Runner »).

Soyez attentif au rythme

Un point sur lequel vous devez être vigilant pendant vos lectures, c’est la rapidité avec laquelle on entre dans l’action. Alors que le roman prend son temps pour exposer la situation de départ et construire une chronologie parfois compliquée, la novella est linéaire avec un objectif : nous amener jusqu’au climax.

Voilà quelques questions que vous pouvez vous poser pour déterminer si le livre que vous tenez est une novella ou non :

– Est-ce qu’il y a des intrigues secondaires ? Si oui, combien ? Quelle place leur est donnée dans le roman ? Est-ce que le protagoniste en est le centre ?

– Est-ce qu’il y a des flashbacks ou un passif sur les personnages ? Si oui, sont-ils développés ou simplement mentionnés au cours d’un dialogue ?

– Quelles longueurs font les phrases ? Sont-elles concentrées sur l’action ou partent-elles dans des descriptions ?

2 — Épinglez votre conflit central

Le conflit est la force qui mène n’importe quelle histoire, quel que soit son format. C’est ce qui la rend intéressante aux yeux de n’importe quel lecteur. Sans conflit, votre histoire n’est qu’une série d’événements sans intérêt.

Dans un roman, vous pouvez vous permettre des digressions et des intrigues secondaires, car vous avez la place pour cela. La novella, de son côté, vous oblige à aller droit au but et à rationaliser votre conflit central. Il est le poids qui va entraîner toute votre narration derrière lui.

Il y a 6 types de conflits principaux parmi lesquels choisir pour n’importe quelle histoire, mais on peut les classer en deux grandes catégories :

– Les conflits externes : le protagoniste fait face à une force extérieure (antagoniste, malchance, tempête, virus, armée de zombies, etc.) qui l’empêche d’atteindre son objectif.

– Les conflits internes : le protagoniste est en proie à des questionnements et des doutes intérieurs contre lesquels il se bat.

Quelque soit le type que vous choisissez, vous devez être en mesure de résumer votre conflit principal en une seule phrase, à la manière d’un high concept.

(Si vous voulez en savoir plus sur les High concept, lisez l’article « 2 outils puissants pour terminer votre roman »)

3 — Laissez votre personnage se débrouiller tout seul

Les novellas sont de bons moyens pour étudier un personnage de près. Ce sont généralement des histoires qui vont le chatouiller là où ça gratte le plus, vous avez donc tout intérêt à partir avec un personnage complexe et profond, car c’est le meilleur moyen de le lâcher dans votre monde sans qu’il ressemble à une succession de clichés.

Sur ce point, écrire une novella ressemble beaucoup à l’écriture d’un roman. Vous devez vous poser, à minima, les trois questions suivantes (bien que je recommande d’aller plus loin que cela) :

– Quel est son but ? Qu’est-ce qu’il veut ?

– Quelle est sa motivation ? C’est-à-dire que se passera-t-il s’il n’atteint pas son but ?

– Est-il dynamique ou statique ? Votre personnage sera-t-il le même au début et à la fin de votre histoire ou va-t-il évoluer ?

Laissez vos personnages grandir tout seul. Ils vous étonneront sûrement
Image par Lothar Dieterich de Pixabay

Écrire une novella du point de vue d’un seul personnage

Si vous voulez faire du Georges R Martin avec un point de vue par page, la novella n’est pas faite pour vous. Trop de points de vue, trop de personnages, trop de place. Pour écrire une novella dans lequel votre lecteur sentira un lien avec votre protagoniste, mieux vaut écrire une histoire avec un seul point de vue.

Vous pouvez opter pour le point de vue extérieur limité, mais c’est également une excellente occasion de tester le point de vue à la première personne. Raconter au travers des yeux de votre protagoniste vous empêchera de vous embarquer dans des descriptions qui apportent peu à l’histoire et ce n’est pas aussi contraignant qu’on peut le croire. Tout comme vous évaluez l’humeur de votre patron au travers de vos observations visuelles et auditives (quand il tape du poing sur le bureau, c’est qu’il n’est pas content), votre personnage pourra faire de même avec les émotions des autres personnages.

4Une liste de personnages principaux limitée

Puisque votre protagoniste est en permanence sous les feux de la rampe, les autres personnages sont là en tant que soutien et non en tant que personnages principaux.

Cela ne veut pas dire que vous pouvez vous permettre de sauter leur caractérisation à pieds joints. Ils doivent avoir un minimum de profondeur et de complexité, mais quand on parle d’une vraie personnalité, d’un développement, d’un arc de personnage et de pensées intérieures, limitez-vous à votre protagoniste. Cela vous évitera de vous perdre dans des digressions sans intérêt.

(lisez l’article : « Jusqu’où aller dans la construction d’un personnage »)

Pratiquez l’eugénisme débridé

Imaginons que votre histoire commence par une visite familiale : la vieille tante acariâtre qui pratique la réplique cinglante (pour la côté comique) et le vieil oncle, un peu débile, qui va révéler LE secret de famille qui va tout déclencher.

À la correction, vous vous apercevrez peut-être que le nombre de vos mots est artificiellement gonflé et que la tante ne sert pas à grand-chose à part balancer une vacherie de temps en temps.

La solution est simple : faites disparaître l’oncle (pas de quartier !) et faites révéler le secret par la tante. Vous gagnez ainsi en efficacité, vous gardez l’effet comique et vous donnez à la tante une raison d’être là.

5Ne pas écrire une novella sans réfléchir

Avec peu de mots à votre disposition, la Novella est un format avec lequel il est préférable de préparer son histoire avant de l’écrire.

Avant de commencer, vous devez être capable de décrire précisément votre arc narratif, les points importants de votre intrigue, les pics, les plateaux et votre fin. Vous devez également avoir une idée de la timeline de votre histoire, du délai entre chaque étape.

Alors qu’un roman se compose de chapitres qui sont eux-mêmes de vraies petites histoires, la novella doit avoir une structure plus « serrée ». Sans aller jusqu’à couper votre histoire toutes les quarante pages, la structure narrative de votre histoire est très importante. Le lecteur a besoin de suivre une structure « traditionnelle », sinon il se demandera vite où vous voulez en venir.

Il existe un grand nombre de structures pour une histoire, mais celle que je trouve particulièrement adaptée pour écrire une novella est celle du voyage du héros.  Sans rentrer dans le détail, les grandes étapes sont les suivantes :

  1. Le protagoniste abandonne le confort de son quotidien et se lance à la poursuite de quelque chose qu’il désire,
  2. Juste au moment où il est sur le point de l’obtenir, un conflit éclate et il se rend compte qu’il y a un prix à payer,
  3. Il doit décider s’il veut payer ce prix ou non et vivre avec les conséquences de son choix.

Le voyage du héros de Campbell

6Se concentrer sur un lieu et une époque

Votre récit doit se dérouler sur une période de temps donné, généralement comprise entre quelques heures et quelques mois, et doit se dérouler dans un espace limité.

Contrairement à un roman, la novella ne choisit pas la route panoramique pour nous amener au climax. Encore une fois, elle va à l’essentiel sans passer par le passif du personnage, les changements de perspective et les intrigues secondaires.

Comme d’habitude, rien n’est strictement interdit (ma novella en-cours compte pas moins de six lieux différents). Cependant, si c’est le cas pour votre histoire, vous avez intérêt à indiquer ces changements de lieu ou de temps avec des changements de scène ou des sauts à la ligne plutôt que des changements de chapitre.

Quelle différence ? La novella est une histoire dans son ensemble, alors qu’un roman est un ensemble de petites histoires découpées en chapitre. Le chapitre marque la fin d’une de ces « mini-histoires » et sous-entend au lecteur qu’il doit s’arrêter de lire. Une succession de scènes vous facilitera la tâche d’emmener votre lecteur jusqu’au climax sans arrêt non désiré.

7Corrigez et coupez sans pitié

Vous aurez sans doute remarqué que le maître mot, quand on écrit une novella, est « efficacité ». Un nombre de mots bas est ce qui la caractérise et cela demande à l’auteur de se concentrer sur son idée centrale avec une intensité inhabituelle.

Chaque fois que vous changerez de lieu ou introduirez un nouveau personnage, posez-vous la question : en quoi cette scène fait avancer mon conflit central ? Ou bien qu’est-ce que j’ai appris que je ne savais pas avant ?

Si cette scène n’apporte rien à l’histoire : coupez-la. Vous avez trouvé une phrase trop longue ? Réécrivez-la. Pas de mot inutile dans une novella. Juste l’essentiel.

Une fois que vous avez maté les sous-intrigues indisciplinées et liposucé ce milieu enflé, vous devriez vous retrouver avec un manuscrit maigre et poli.

(Lisez l’article : « 12 clés pour corriger son roman (et aimer ça) »)

Mettez votre novella au régime et taillez dans le gras.
Image par Gerhard G. de Pixabay

Voilà les grandes étapes pour écrire une novella. Il ne vous reste plus qu’à la mettre en page, trouver une couverture et la publier sur votre plate-forme préférée.

Et vous ? Avez-vous déjà essayé ce format ? En lisez-vous régulièrement ? Quelle est votre préférée ? Dites-le-moi dans les commentaires.


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7 réponses

  1. Merci beaucoup,Jérôme , pour ces précieux conseils.Je regrette de ne pouvoir suivre les formations que vous donnez car de mon pays,l’Algérie,je ne peux envoyer de l’argent et nous n’avons aucun moyen de le faire.C’est vraiment regrettable!

  2. Bonjour Jérôme,

    Très bon article, d’autant que j’adore lire des novellas, mais on en édite bien trop peu à mon goût. Les éditions In8 publient de très bonnes novellas, mais je n’en connais pas beaucoup d’autres. Si vous avez une liste, je suis preneur…

    D’autre part, je viens de terminer le premier jet d’une novella d’après les critères de bases : 23 375 mots, 131 313 signes espaces compris.

    Mais, si j’ai bien lu votre article, une novella devrait se limiter à un seul point de vue. Or, ma novella, qui est un croisement entre un western et un thriller, comporte 7 points de vue différents, dont 4 principaux.

    Est-ce à dire que je dois m’interdire de franchir les codes des novellas ? Pourtant mon histoire tient en 120 pages et me semble cohérent. Où dois-je le considérer plutôt comme un court roman ?

    Merci de votre éclairage à ce sujet.

    Claudy

    (5/5)
    1. Bonjour Claudy et merci pour cette question,
      Il est vrai que les novella ont souvent un seul point de vue, car leur longueur rend difficile le développement d’autres personnages, mais si vous y êtes arrivé avec 2, 3 ou 4 personnages : tant mieux pour vous!
      La seule vraie règle en écriture, c’est qu’il n’y a pas de règle. Des conseils, des pratiques, des recommandations… ça oui, mais aucun interdit. Si vous pensez avoir atteint votre objectif avec votre novelle multi-point de vue, alors laissez-la comme ça 😉

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