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Sujet et thème d’un roman : les fondations

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Trouver l’idée de son roman c’est le point de départ de tout travail d’écriture, mais c’est également l’étape la plus dangereuse, car on ne sait jamais où une idée va nous mener.

Parfois, on est frappé par l’inspiration comme un chêne par la foudre et on s’embrase pour une nouvelle idée. Alors on se lance dans l’écriture de cette histoire qui nous semble la meilleure depuis l’Odyssée d’Homère… et puis au bout d’une vingtaine de pages, on s’épuise. On se rend compte que l’idée n’était pas aussi riche qu’on croyait et que l’on n’a rien à dire.

Pour d’autres, c’est la panne sèche. L’envie d’écrire est là, mais on ne sait pas sur quel sujet se lancer. Pas d’inspiration, pas d’idée de roman et on se retrouve comme un coureur du Tour de France sans vélo : dopé à mort, mais rien pour se défouler. Frustrant.

Alors, comment faire ? Comment savoir si son idée est bonne ? Comment la trouver ? Et comment la transformer en une matière suffisamment riche pour enchaîner les scènes ?

Voilà une méthode qui répond à toutes ces questions en vous fournissant les deux ingrédients principaux d’un roman : le sujet et le thème.


Trouver le sujet de son roman

Le sujet d’un roman, c’est tout simplement de quoi il parle : un chevalier chasse les dragons, une jeune femme naïve tombe amoureuse d’un milliardaire sado-maso, un jeune garçon rentre dans une école de sorcier, des factions se battent pour le trône d’un pays, etc.

Tous ces exemples sont des sujets qui sont eux-mêmes le résultat de la combinaison de plusieurs idées, car une idée seule n’est que très rarement suffisante pour alimenter le contenu d’un roman de 300 pages. Il faut aller plus loin.

Les idées de sujet

Les idées ne sont pas difficiles à trouver. Je suis même intimement persuadé que vous avez plusieurs idées par jour, mais il nous arrive souvent de passer à côté. En voici les causes les plus communes :

On ne les reconnaît pas

Pour trouver des idées, il faut les chercher. Personne n’est jamais tombé sur un coin à champignons sans savoir à quoi ressemblait un cèpe.

Les idées se trouvent partout. Dans des situations du travail, dans les passants anonymes qui vous croisent dans la rue, dans la série que vous regardez sur Netflix, dans un accident de la vie… partout.

Ces idées peuvent concerner des situations, des concepts, des personnages, des créatures… qui serviront (ou pas) à l’auteur pour trouver une idée de roman.

(Lisez l’article « 7 sources d’inspiration pour trouver une idée de roman »)

On ne les trouve pas bonnes

L’autocensure est la pire ennemie des auteurs en quête d’idée. C’est elle qui va vous murmurer à l’oreille, dans votre tête ou par le biais d’un tiers, que votre idée a déjà été faite, qu’elle n’est pas intéressante ou pas assez originale.

Ignorez cette voix.

La vérité c’est que 90 % de vos idées finiront à la poubelle. Mais à ce stade, vous n’avez aucune idée de savoir laquelle vous servira de tremplin pour trouver le sujet de votre roman. Alors votre seule option, c’est de tout garder.

On les oublie

Je ne compte plus le nombre de fois où cela m’est arrivé. Je suis soudainement frappé par l’inspiration. Tout à coup, je trouve LA super idée qui va me permettre d’écrire le prochain prix Goncourt (mais non, je n’exagère pas). Et puis je vais me coucher pour une bonne nuit de sommeil, et le lendemain, ma super idée a disparu. Envolée pour toujours et aucun moyen de remettre la main dessus.

Là aussi il existe une et une seule solution : tout écrire, tout noter sans aucune exception. Vous pouvez avoir un carnet dans votre poche ou votre sac à main, ou bien utiliser une application comme Evernote sur votre téléphone. Peu importe. L’important, c’est que vous ayez toujours de quoi noter à portée de main. C’est absolument essentiel.

(Lisez l’article « Les 5 applications indispensables pour auteur »)

Image par congerdesign de Pixabay

Augmentez la puissance de vos idées

Je considère qu’il y a trois types d’idées : les faibles, les moyennes et les puissantes.

Autant vous le dire tout de suite : l’énorme majorité des idées qui vous viendront au fil des journées seront des idées faibles. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas bonnes, mais simplement qu’elles ne sont pas assez riches pour vous permettre de tenir 300 pages. Elles n’ont pas assez de matière.

Celles qui seront des idées de concept vous paraîtront peut-être valoir plus que les idées de personnages ou de simples situations, mais ne vous y trompez pas. Ces idées de premier niveau ne vous mèneront pas loin. Vous écrirez quelques chapitres, porté par l’inspiration et le délire créatif, mais quand ils retomberont (et cela arrivera, croyez-moi), vous serez confronté à la panne sèche.

Heureusement, il existe un moyen simple et très efficace pour transformer des idées faibles en idées moyennes et des moyennes en puissantes : c’est de les combiner entre elles.

Cela ressemble à des mathématiques pour lettrés :

1 idée faible + 1 idée faible = 1 idée moyenne

1 idée moyenne + 1 idée moyenne = 1 idée puissante

Est-ce aussi simple ? Oui

Voilà un exemple pour vous le prouver :

Étape n° 1

Les idées faibles ci-dessous sont toutes sorties de mon carnet à idées que je promène avec moi 24/24 heures et 7/7 jours :

« un personnage charmeur, mais accro aux jeux de hasard, »

« le pouvoir de prédire l’avenir, »

« deux frères aux parcours opposés, »

« l’existence d’une forme de conscience au-delà du coma, »

Étape n° 2

Je mets tout cela dans mon shaker, je remue, je touille et j’en sors deux idées moyennes :

« Un homme en état de mort cérébrale peut prédire l’avenir, »

« Un homme endetté devient dépendant de son frère pour rembourser ses dettes de jeux, »

Pas mal, mais cela ne s’arrête pas là…

Étape n° 3

Je mets mes deux idées moyennes dans un grand saladier et je passe le tout au mixer. J’ajoute un antagoniste et un enjeu pour rendre l’histoire intéressante et je sers le tout à température ambiante :

« Un joueur professionnel est lourdement endetté auprès de la mafia. Il découvre que son frère, tombé en état de mort cérébral, peut prédire les résultats des paris sportifs. Il va utiliser cette chance pour rembourser ses dettes et tenter de sauver sa vie. »

Et voilà mon sujet.

Il est rédigé sous la forme d’un High Concept, c’est-à-dire d’un résumé ultra-condensé qui rassemble les 5 éléments fondamentaux d’une histoire :

1 — Le protagoniste (un joueur professionnel)

2 — L’antagoniste (la mafia)

3 — l’élément déclencheur ([le frère tombe en état de mort cérébrale]

4 — l’enjeu [rembourser ses dettes et sauver sa vie]

5 — le cadre et/ou le contexte [lourdement endetté, prédire les résultats des paris sportifs]

Pour en savoir plus sur les high concept, lisez l’article « 2 outils puissants pour terminer son roman ».

Nota Bene

Le sujet ci-dessus est celui de mon prochain ebook : « Pronostics » qui sortira en mars 2021. Ce sujet n’est donc pas libre de droits. Désolé 😉

Je l’ai légèrement modifié pour cet article, car un High Concept n’est pas censé être diffusé au public et je ne veux m’autospoiler. Si vous voulez en savoir plus, il faudra lire le livre : D

En vente bientôt

Trouver le thème de son roman

« Maintenant que nous avons le sujet, nous pouvons commencer à écrire », vous dites-vous.

Et ben non.

À ce stade, vous avez les éléments visibles de toute bonne histoire : le contexte, les personnages principaux, les enjeux, etc.

Bien sûr, vous devez encore les développer, mais ils sont là. Vous avez le petit bout de la pelote de laine. Il ne vous reste plus qu’à tirer dessus pour la dérouler entièrement.

En revanche, il vous manque la partie invisible d’un roman : le thème. Et ce n’est pas parce qu’on ne la voit pas qu’elle n’est pas importante. Au contraire.

Qu’est-ce qu’un thème ?

« Une bonne histoire ne se borne pas à être une suite d’événements ou de surprises imaginées pour divertir le public. C’est une suite d’actions, qui ont des implications et des conséquences morales, conçues pour exprimer un thème plus vaste. » – John TRUBY dans « L’anatomie d’un scénario »

Le thème, c’est la raison pour laquelle vous voulez écrire votre roman. Rien que cela. C’est le message que vous voulez faire passer à votre lecteur. C’est votre vision du monde sur un sujet précis, votre point de vue sur la façon dont il convient d’agir dans la vie.

La place du thème dans un roman

On compare souvent un roman à un corps humain dans lequel différentes parties fonctionnent ensemble pour former un tout unifié.

Alors si la structure d’un récit en est le squelette et les personnages en sont le cœur, le thème d’un roman est son cerveau. Et en tant que cerveau, c’est lui qui va diriger le processus d’écriture. Il va être le fil rouge que vous allez suivre du début jusqu’à la fin.

Bien sûr, il doit savoir rester discret. Le cerveau est un organe dissimulé qui agit dans l’ombre. Tout comme la structure [le squelette], il doit être présent et servir à la construction de votre histoire, mais tout en passant sous le radar du lecteur.

[Lisez l’article « Comment construire un arc narratif »]

Le risque à avoir un thème trop présent, c’est de ne pas écrire un roman, mais un essai philosophique ou une leçon de morale rébarbative. Personne ne veut cela.

Pour éviter cet écueil, le meilleur moyen est d’éviter le piège qui consiste à nommer vos personnages comme porte-parole de votre thème. Un dialogue moralisateur est généralement considéré comme barbant et sans grand intérêt par le lecteur.

C’est donc à travers un débat d’actions que vous devez diffuser votre thème, avec lenteur et subtilité.

Image par ashish choudhary de Pixabay

Comment mettre en place un débat d’actions ?

Sur cette partie, je me réfère essentiellement à « L’anatomie du scénario » de John Truby qui fait référence en la matière.

La première étape

Elle consiste à résumer votre thème, votre débat moral en une seule phrase. Bien sûr il ne sera pas très nuancé, voire même grossier, mais il vous permettra d’avoir votre fil rouge tout au long du processus d’écriture.

Quelques exemples :

« Pronostics » de bibi — « Il faut savoir saisir les secondes chances lorsqu’elles se présentent à nous. »

« Harry Potter » de JK Rowling — « Quand on a la chance d’avoir de grands talents et de grands pouvoirs, on doit devenir un leader et se sacrifier pour le bien des autres. »

« Un chant de Noël » de Charles Dickens — « On est plus heureux quand on donne aux autres. »

La deuxième étape

Elle consiste à réfléchir aux conséquences morales des actions de chaque personnage.

Le protagoniste est donc face à un choix moral, et il devra résoudre son dilemme avant la fin du récit [généralement au moment du climax] en faisant pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Exemples :

Dans « Pronostics », le protagoniste est partagé entre les plaisirs immédiats que lui offre cette nouvelle source d’argent facile et l’opportunité de repartir à zéro et de refaire sa vie.

Dans les « Harry Potter », Harry est partagé entre son désir de vaincre Voldemort, de sauver son école et venger ses parents et son envie de vivre une vie normale et « égoïste » loin des dangers du monde de la magie.

Dans « Un chant de Noël », Scrooge est partagé entre son avarice maladive et la pitié évoquée par les visions des fantômes des Noëls passé, présent et futur.

[Lisez l’article « Jusqu’où aller pour définir ses personnages. »]

La troisième étape

Elle consiste à faire varier votre thème, sous la forme du choix moral de votre protagoniste, et de le décliner pour chacun des personnages de votre récit.

En d’autres termes, tous les personnages principaux de votre histoire seront confrontés au même choix moral, mais chacun d’une façon différente.

Un exemple :

Dans « LA Confidential » de James Elroy, trois inspecteurs de la police enquêtent sur un massacre. Tous les trois doivent affronter le problème moral central de l’administration de la justice.

  • Bud est un policier qui fait la loi seul en assumant le rôle du juge et du bourreau.

  • Jack a oublié les raisons qui l’ont poussé à devenir policier et il arrête les gens pour de l’argent.

  • Ed est pris au jeu politique de la justice et vise le sommet de la profession.

Chacun d’eux représente une variation sur le thème de la corruption et de la justice.

Image par succo de Pixabay

Comment trouver le thème de son roman ?

Alors là, il y a deux écoles :

La méthode TRUBY

Vous vous lancez dans la construction de votre roman avec un thème, un débat moral, bien précis en tête et vous le suivez du début à la fin. Votre roman sera construit autour de votre thème.

La méthode PIXAR

C’est la règle n° 3 du storytelling selon Pixar :

« Choisir un thème est important, mais vous ne verrez sans doute pas ce dont parle l’histoire avant de l’avoir finie. Maintenant, réécrivez. »

En d’autres termes, vous écrivez votre histoire sans vous soucier du thème et vous le trouvez à la fin de la rédaction de votre premier jet. Une fois bien défini, vous réécrivez tout en l’intégrant complètement tout au long de votre récit.

Laquelle est la meilleure ?

D’après moi, aucune des deux n’est meilleure que l’autre. Le choix entre les deux ne dépend même pas de l’auteur que vous êtes, mais du roman que vous allez écrire.

Parfois, l’auteur décide qu’il a un message à faire passer auprès de ses lecteurs et il décide de construire son roman autour de ce message, ce thème.

Parfois, l’auteur a juste une histoire à raconter et ce n’est qu’après l’avoir écrite qu’il réalise qu’il y a un thème caché dedans, comme un jouet dans un œuf Kinder.

Si vous êtes dans le second cas et que vous ignorez quel est le thème de votre roman, cherchez-le en premier lieu dans le Climax. C’est généralement au moment fort de la confrontation finale que le thème est le plus visible.

Image par WikiImages de Pixabay

Maintenant que vous voilà avec un sujet et un thème, vous êtes armé pour vous lancer dans la préparation du travail d’écriture.

Bien sûr, le travail est loin d’être terminé. Je dirai même qu’il ne fait que commencer. Mais vous avez maintenant les deux blocs de métaux qui constituent l’idée d’un roman. Comme un forgeron, il vous faut maintenant les chauffer et taper dessus pour leur donner la forme qui vous plaît.

Maintenant c’est à vous de me donner votre recette pour trouver une idée de roman. Comment faites-vous, Où trouvez-vous l’inspiration ? Comment la transformez-vous en sujet ?

Dites-le-moi dans les commentaires.


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Jérôme Vialleton

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  • Superbe article, comme toujours.
    Chez moi tout part des personnages, ou presque. D'abord une idée, un bout de phrase, l'envie d'essayer un truc formel, tout est bon pour lancer mon imaginaire. A partir de ça je commence par écrire une nouvelle, sans idée préconçue. Quelques pages. Apparaît (forcément) un personnage, pour porter mon idée. Ensuite j'y pense, j'y repense, je malaxe, je rumine... mon personnage s'enrichit. Lorsqu'il a atteint un degré satisfaisant de profondeur (selon moi), je le mets à l'épreuve. Le premier jet est toujours un peu douloureux, car je ne sais pas exactement où je vais avant d'avoir pondu une bonne cinquantaine de pages. En général, elles prennent la forme d'une suite de nouvelles indépendantes les unes des autres. Ce sont les personnages qui se mettent en place. Un bon exemple sur mon blog, où je partage le premier jet d'un roman en cours, les sept premiers chapitres qui paraissent indépendants les uns des autres. A la réécriture, des personnages disparaissent, d'autres se précisent. Leurs relations sont la clé du thème. Au tout début, je ne me dit pas "je vais parler des secrets de famille" mais ça devient évident au fil de la plume. Ensuite je retravaille le tout avec un plan, je construis une structure en sachant où je vais et je réécris le tout. Peut-être plus Pixar que Truby.

  • Merci pour ces articles toujours intéressants, fortement détaillés. Les idées sont à ramasser dans la rue, dans son foyer, à la plage, sur la route, sur le visage de son patron, dans le coeur de la bonne âme qui, par son histoire émouvante racontée sur votre écran de télévision, vous entraîne vers une réflexion intérieure, dans la rubrique ''des chats écrasés'', bref, dans la vie de tous les jours. Merci Mr VIALLETON.

  • Puisque la vie quotidienne m'ennuie, ce n'est certainement pas là que je puise mon inspiration. Il me faut le début et la fin d'une histoire, quelques péripéties au milieu, et vogue la galère, pas de thème, pas de message sous-jacent, rien que le plaisir de la découverte de l' "entre-deux". Quelquefois un thème émerge, des fois pas. Je pense être finalement plus attaché à la forme qu'au fond. Mais on est quelquefois surpris, un de mes romanets étant conçu comme un mélange de roman policier, de sf et d'heroic fantasy. J'ai été surpris moi-même de découvrir à la fin que c'était aussi le récit d'un deuil. Cela n'avait rien de conscient, et si le lecteur passe à côté du "thème" ce n'est même pas grave à mon avis.

  • bonjour jerome je suis toujours vos articles clairs documentés et si aidants j ai achté votre livre si interessant et tout autant clair et aidant, si complet bo n courage et be;lle journée véronique

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